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Mov Sport Sci/Sci Mot
Number 118, 2022
Sports, culture populaire et culture matérielle / Sports, popular culture and material culture
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Page(s) | 49 - 60 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/sm/2022011 | |
Published online | 22 July 2022 |
Article
Radio, sport et culture : quand l’écriture radiophonique construit un discours culturel au-delà des résultats et des performances
Radio, sport and culture: when radio writing builds a cultural discourse beyond results and performances
ELLIADD, Université de Bourgogne-Franche Comté, UFR des Sciences du langage, de l’Homme et de la Société, 32 rue Mégevand, 25000 Besançon, France
* Auteur correspondant : severine.equoy-hutin@univ-fcomte.fr
Reçu :
29
Avril
2021
Accepté :
2
Juin
2022
Dans le contexte où la médiatisation du sport ne se limite plus aux productions médiatiques destinées à assurer la retransmission d’un évènement sportif ou à commenter l’actualité sportive, cette contribution s’intéresse à trois émissions radiophoniques (chroniques Esprit sport, France Inter et L’âme Olympique, France Info et le magazine L’œil du tigre, France Inter) qui participent autrement de l’inscription du sport dans la culture populaire. C’est en menant une approche sémiodiscursive et argumentative de l’écriture radiophonique de ces émissions que nous proposons d’interroger et d’analyser les modes de construction d’une culture du sport au-delà de la pratique physique et des émissions qui lui sont traditionnellement consacrées (retransmission, multiplex, talkshow dédié à l’actualité sportive). À travers ces trois études de cas, nous montrons que ces productions radiophoniques scénographient et mettent le sport en relation avec d’autres problématiques sociétales contemporaines. L’écriture radiophonique – et quelques-uns de ces procédés – problématisent et décloisonnent le sport pour construire un discours culturel et instituer le sport en bien culturel commun.
Abstract
In a context where the mediatization of sport is no longer limited to media productions intended to broadcast a sports event or to comment on sports news, this paper proposes to study three radio programs (chronicle Esprit sport, France Inter and L’âme Olympique, France Info and the magazine L’œil du tigre, France Inter) which otherwise contribute to the inclusion of sport in popular culture. It is with a semiodiscursive and argumentative approach to the radio writing of these programs that we propose to analyze the ways of construction of a culture of sport beyond physical practice and programs traditionally devoted to it (retransmission, multiplex, talkshow dedicated to sports news). Through these three cases, we show that these radio productions stage and incorporate sport into other contemporary societal issues. Radio writing – and some of these processes – problematize and open up sport into a common cultural object.
Mots clés : médiatisation / approche sémio-discursive / analyse argumentative / chronique / magazine
Key words: mediatization / semiodiscursive approach / argumentative analysis / chronicle / magazine
© ACAPS, 2023
1 Introduction : le sport au-delà des émissions de sport
Les pratiques du quotidien comme la pratique du sport font aujourd’hui partie intégrante de la culture populaire (Pasquier, 2005) et du « petit patrimoine » (Fournier, 2008) : en effet, la culture sportive (Defrance, 2011) ne se limite plus à la culture construite et partagée entre sportifs pratiquants ou amateurs. Longtemps restreinte à une pratique physique « rugueuse » et futile (Defrance, 2011), il a fallu que « la notion de “culture” devienne plus englobante, à l’instigation de l’anthropologie culturelle, pour que les analyses culturelles prennent au sérieux des genres d’activité moins consacrés, tels le sport et d’autres loisirs (jardinage, lecture de la bande dessinée, etc.) » (Defrance, ibid . : 51). C’est ainsi que, depuis les années 80, se sont développées les enquêtes sur les pratiques culturelles des Français, la pratique du sport étant considérée comme telle. Celle-ci s’est dotée d’une valeur sociale et culturelle pour tous les publics, sportifs ou non, intégrant ainsi le système des croyances et des savoirs circulants dans la société.
Cette reconnaissance se manifeste notamment par une production médiatique qui s’étend au-delà du périmètre de l’information sportive, cette dernière s’attachant à retransmettre, à commenter et à rendre compte des résultats des compétitions (grands évènements, tournois, courses…) ou à évoquer les pratiques sportives de loisir (week-end, vacances). La pratique du sport est devenue un prisme par lequel les médias en tant qu’institutions et vecteurs de légitimité culturelle (Rieffel, 2005) remplissent leur rôle de « faiseurs et passeurs » (Le Hégarat, Delassus, & Bondon, 2015) de mémoire, de patrimoine et de culture. En cela, ils contribuent indéniablement à une légitimation voire à un ennoblissement du sport au-delà de la pratique : dans les discours médiatiques, les exploits et les acteurs comme les sportifs de haut niveau, titrés ou médaillés, mais aussi les simples pratiquants du quotidien sont érigés en héros voire en mythe, associés à des causes ou à la défense de valeurs issues de leur propres pratiques sportives. La médiatisation du sport (Attali, 2010) ne se cantonne plus aux productions médiatiques destinées à assurer la retransmission ou à commenter l’actualité sportive (Clastres & Méadel, 2007) : le sport s’immisce dans d’autres formats et côtoie d’autres thématiques ou secteurs culturels comme l’histoire, les arts, le bien-être, la politique et bénéficie d’autres régimes de visibilité, ce qui questionne à la fois la place du sport dans les médias, ses manifestations et sa contribution culturelle.
Les travaux en sciences humaines et sociales qui se sont intéressés aux relations entre médias et sport se sont jusqu’à présent majoritairement attachés soit à décrire l’histoire de ces relations (Attali, 2010) soit à analyser les émissions destinées à rendre compte d’événements sportifs et/ou à les commenter (Bonnet, 2019 ; Boure & Bonnet, 2007 ; Derèze, Diana, & Standaert, 2015). Le média qui nous intéresse ici est la radio : média de flux et du direct, de l’imaginaire (Oliveira, 2011), de l’accompagnement du quotidien et de l’instantané (Glevarec, 2007 ; Tétu, 2004) dont les travaux du Groupe de Recherches et d’Etudes sur la Radio (GRER) éclairent toute la « vitalité » (Antoine, 2016 ; Cheval, 2008). Ce ne sont toutefois pas les émissions de sport que nous proposons de prendre pour objet dans cette contribution mais celles qui utilisent le sport, ses valeurs et les imaginaires qui lui sont associés, pour construire un discours de problématisation en relation avec d’autres champs culturels, lui faisant ainsi revêtir une portée au-delà de sa pratique en tant qu’analyseur culturel.
Que fait la radio du sport et des sportifs, en dehors des formats traditionnels (Bonnet, 2015) que sont la retransmission, le talk-show, le journal des sports ou encore le multiplex ? Comment le média radio met-il en scène le sport lorsqu’il s’agit de formats ou de genres très répandus et populaires qui ne sont à proprement parler pas dédiés au sport en tant que pratique physique ?
Après avoir spécifié l’approche sémiodiscursive et argumentative en Sciences de l’information et de la communication conduite ici, présenté la méthodologie et enfin le corpus de recherche qui va être mobilisé, nous proposerons une analyse fondée sur la mise en regard de trois productions radiophoniques diffusées par le groupe de service public de l’audiovisuel Radio France : deux chroniques, Esprit sport et L’âme Olympique respectivement diffusées sur France Inter et France Info, et un magazine, L’œil du tigre, diffusé sur France Inter. Nous montrerons que certains formats, comme le magazine ou la chronique, et les scénographies (Maingueneau, 2007) qu’ils proposent participent d’autres modes d’inscription du sport dans la culture.
2 Approche, méthodologie et corpus de la recherche
2.1 Une approche sémiodiscursive différentielle de l’écriture radiophonique
L’approche sémiodiscursive (Charaudeau, 2005) qui est conduite ici, relève d’un tressage disciplinaire qui mobilise à la fois les Sciences de l’Information et de la Communication et les Sciences du Langage, en tant qu’elle s’appuie sur l’analyse du discours et la sémiotique : il s’agit « d’analyser l’organisation structurelle de tous types de discours (quelle que soit leur matérialité sémiotique) afin de comprendre les conditions de production et de saisie du sens » (Simon & Toullec, 2017 : 132). Cette approche s’intéresse aux formes de discursivité sociale en relation avec le contexte sociohistorique et culturel et aux possibles interprétatifs que les indices sémiologiques permettent de débusquer. L’analyse accorde une place particulière aux genres de discours (Maingueneau, 2007), les considérant comme des agents à part entière de l’activité discursive et communicative. Plus spécifiquement, cette étude s’appuie sur une démarche contrastive – ou différentielle – qui vise à comparer différentes productions radiophoniques et les scénographies qu’elles proposent. Cette démarche rejoint la conception du sens développée par Jean Peytard pour lequel le sens se construit et s’analyse dans la différence, la variation et la mise en relation (Peytard, 1993). Cette conception du sens dans l’altération a d’ailleurs trouvé écho chez Patrick Charaudeau dans un des ouvrages fondateurs consacré au discours radiophonique : « la signification est différentielle. Analyser c’est toujours essayer de voir ce qui dans la différence apparente est ressemblant et ce qui dans la ressemblance apparente est différent. L’analyse des mises en scène médiatiques doit donc être menée de façon contrastive » (Charaudeau, 1984 : 7).
2.2 L’argumentation dans le discours : visée, dimension, problématisation.
Cette recherche pose globalement la question des modes de problématisation du sport dans le discours médiatique : en cela, elle rejoint le cadre de l’analyse de l’argumentation dans le discours (Amossy, 2000) qui conçoit l’argumentation de façon étendue. Ruth Amossy propose une approche plurielle à la fois discursive (langagière, générique, textuelle, stylistique, dialogique et interactionnelle) et communicationnelle (Amossy, 2000 : 23–24). Elle distingue d’une part les discours à visée argumentative qui se donnent à voir comme relevant d’une entreprise visant à faire adhérer un auditoire à une thèse défendue et d’autre part les discours à dimension argumentative qui relèvent de « la simple transmission d’un point de vue sur les choses » (Amossy, ibid . : 25) et n’entendent pas modifier les positions de l’allocutaire. Un discours argumentatif peut ainsi s’analyser en degrés d’argumentativité sous l’angle d’une question qu’il problématise (Rabatel, 2018) quand, par exemple, il construit son objet en le mettant en relation, mais pas forcément en opposition, avec des évidences partagées ou des lieux communs qu’il met en doute ou des points de vue qu’il expose pour favoriser une discussion et susciter un questionnement ou un processus de réflexion (Amossy, 2018). Les productions radiophoniques qui nous intéressent peuvent ainsi être analysées au prisme des modes de problématisation dont un sport ou un sportif fait l’objet dans le discours.
3 Modèles d’analyse et présentation du corpus
3.1 Trois modèles sources pour l’analyse
D’un point de vue méthodologique, l’approche contrastive des émissions peut s’appuyer sur plusieurs modèles d’analyse de productions radiophoniques existants.
Valérie Bonnet (2015) s’est intéressée aux trois principaux genres radiophoniques qui se consacrent traditionnellement au sport : la retransmission, multiplex et talk-show. Sa grille d’observation articule conditions de production et de réception des émissions compte tenu du positionnement de la station (généraliste/musicale/thématique/locale, publique/privée, place et type des émissions sportives ou rubriques sport dans la grille de programmes, durée, périodicité, public visé). Le modèle intègre la nature de l’interaction et des interactants (animateurs, journalistes, consultants, invités, public, auditeurs actants non présents ou non actants et non présents) et l’aspect matériel qui fonde le média radio (voix, son). Christophe Deleu (2013) a quant à lui proposé d’analyser spécifiquement un genre : le documentaire radiophonique, en s’inspirant du modèle des strates (Soulages, 2007) destiné à analyser les rhétoriques et les facteurs d’activation du sens dans la communication télévisuelle. S’il cible le documentaire, ce modèle fonde l’analyse sur l’agencement et la combinaison de strates (plastique, cinétique, communicationnelle, narrative et diégétique, verbale) et s’inscrit dans le sillage de l’approche sémiodiscursive de Charaudeau précédemment évoquée, ce qui a l’avantage de mettre en relief des points d’attention plus ou moins pertinents pour l’analyse d’autres genres médiatiques. Cette contribution s’appuie enfin sur un troisième modèle, en cours d’élaboration, qui s’inspire des deux précédents mais s’intéresse à un format plus polymorphe : le magazine radiophonique. Ce modèle met l’accent sur l’existence de modes de problématisation de l’objet du discours (Equoy Hutin, 2022, à paraître) dans l’écriture radiophonique. Celle-ci est ici entendue comme « mode d’agencement » (Richard, 1985) de formes (Equoy Hutin & Deleu, 2019), « mise en scène d’éléments disparates » (Saint Martin & Crozat, 2007 : 7) – voix, musiques, bruits voire bruitages – dont la fonction première est de « baliser l’écoute, de la structurer afin de capter l’attention de l’auditeur » (Saint Martin & Crozat, ibid .).
3.2 Présentation du corpus
La thématique du sport et de ses pratiques a conquis certaines catégories d’émissions radiophoniques : citons à titre d’exemples les magazines qui peuvent proposer des séries sur l’histoire du sport comme La Fabrique de l’Histoire diffusée sur France Culture qui a proposé cette série de quatre épisodes en juillet 2013 ou L’œil du tigre, émission diffusée sur France Inter entre le 29 novembre 2015 et le 21 juin 2021. C’est aussi le cas des chroniquesLes lieux du stade (France Info, été 2015), Esprit sport (France Inter, depuis le 21 août 2017) ou encore Les petites histoires olympiques (RTL, juillet 2021). Notons en outre que le sport est de plus en plus associé à l’idée de bien-être, en tant que composant essentiel du bonheur au quotidien et se voit intégré à des magazines de vie quotidienne à l’instar de Grand Bien vous fasse !, magazine diffusé sur France Inter, ou à des chroniques bien-être comme L’âme Olympique diffusée sur France Info.
Comme tout corpus médiatique, celui que nous avons constitué n’a pas prétention à l’exhaustivité (Moirand, 2004). Précisons qu’il constitue un premier échantillon qui vise à alimenter l’hypothèse de la construction d’un discours savant ou à portée culturelle à partir de l’univers du sport ou de l’expérience sportive au-delà des résultats ou des performances commentées dans l’actualité. Le corpus rassemble trois séries de productions radiophoniques diffusées sur deux stations publiques de grande écoute francophones qui appartiennent au groupe Radio France : la radio généraliste France Inter et la station d’information en continu France Info. Les radios commerciales généralistes comme RTL, Europe1 ou plus spécialisées comme RMC s’attachent davantage à proposer des émissions consacrées à l’actualité du sport : il s’agit de commenter des matchs ou des évènements sportifs (le talk show After Foot diffusé sur RMC, On refait le match sur RTL ou encore Europe1 Sport sur Europe1). En restant prudent, on peut dès lors émettre l’hypothèse que les émissions sélectionnées pour l’analyse sont à mettre en relation avec les missions de service public que le groupe Radio France exerce.
Les trois programmes qui ont été sélectionnés sont disponibles en podcast et ont cette particularité commune de convoquer le sport et sa pratique dans la perspective d’une problématisation de plus grande ampleur, historique, culturelle et sociale. Si les premières analyses qui figurent dans la deuxième partie de cet article ont vocation à être développées, il s’agira ici d’observer trois scénographies problématisantes (Rabatel, 2016) différentes dans lesquelles le sport, en tant qu’objet du discours, participe de la construction de la « dimension argumentative » (Amossy, 2000 : 25) de celui-ci en ce qu’il oriente l’écoute et propose un questionnement, une réflexion (Amossy, 2018) et une ouverture donnée en partage à l’auditeur.
Le tableau 1 présente succinctement les trois émissions choisies.
La composition du corpus requiert de s’attarder sur la définition des deux genres médiatiques représentés :
Esprit Sport et L’âme olympique sont deux chroniques. La chronique radiophonique fait partie des « formes brèves » (2 à 5 minutes) ou « formats courts » de l’audiovisuel (Périneau, 2013) : la condensation et le rythme rapide constituent une caractéristique majeure de ce genre ce qui induit nécessairement un régime discursif particulier. La chronique relève de l’ « évènement commenté » (Charaudeau, 2005 : 196) et d’ « un engagement relativement libre de l’instance médiatique » (Ibid.) : chronique spécialisée ou billet d’humeur, elle apporte un point de vue destiné à éclairer un événement de l’actualité. À la limite entre l’explication et le commentaire, la chronique se consacre à un sujet ou à un domaine (politique, sport, économie, science, musique…) et peut s’appuyer sur différentes sources d’informations orales ou écrites entremêlées.
L’œil du tigre est un magazine. Comme toute production relevant de ce format, il s’inscrit dans un contrat d’explication (Lochard & Soulages, 1998). Contrairement à la chronique, il s’agit d’un format long (45 à 50 minutes) qui dispose d’un temps suffisant pour développer le propos et le problématiser dans une visée didactique, plus poussée. Considéré comme un genre « hybride » (Charaudeau, 1997 : 99) en raison de sa plasticité, le magazine peut être à dominante entretien, débat, reportages ou mixte (en équilibrant entretien, débat et reportages). Il se caractérise en outre par sa périodicité, une thématique unique ou dominante et par une visée d’approfondissement.
Nécessairement, et au regard de leur visée notamment, ces deux catégories induisent des régimes d’écritures différents que ce soit, si l’on se réfère aux catégories de Deleu (2013), au niveau des conditions de production et de l’ambiance sonore (strate plastique), du rythme (strate cinétique), de la nature et de la quantité d’informations (strate verbale), de la scénographie (strate communicationnelle) ou de l’organisation séquentielle (strate narrative).
Un tableau synthétique des productions radiophoniques retenues pour l’analyse.
4 « Au-delà du terrain » : le sport comme fenêtre de problématisation
Au plan du contrat de communication (Charaudeau, 2005 ; Lochard & Soulages, 1998) qui est proposé à l’auditeur, on observe d’emblée que ce qui intéresse ces émissions ce ne sont pas les événements sportifs et les performances sportives en tant que tels. En effet, ces évènements et les acteurs qui y sont associés sont mis en scène dans leur relation au contexte social et historique, actuel ou passé : les modes de problématisation proposés sont construits de façon à orienter le discours vers des questionnements, une réflexion de plus grande ampleur.
4.1 Le sport pour questionner la doxa
Un des modes de problématisation proposé dans ces émissions consiste à mettre en avant la singularité et la portée du choix opéré par un athlète, un entraîneur, une équipe ou une institution sportive. C’est le cas par exemple de la chronique Esprit Sport dont le concept est présenté ainsi sur le site France Inter :
Le sport, ses personnages, ses anecdotes, ses coulisses… Du Tour de France aux JO, de la natation à l’athlétisme, chaque jour, une nouvelle histoire1.
Cette série de chroniques met en lumière différents sujets comme les sportifs américains soutenant Donald Trump (02/10/2020), la première femme arbitre musulmane du foot anglais (20/08/2020), la révolte de sportifs biélorusses (05/10/2020) ou encore la pratique du surf en ville (05/08/2020) : ces sujets s’appuient sur des présupposés qui questionnent l’opinion commune : comment des sportifs américains peuvent-il soutenir un président des États-Unis, très controversé et contesté ? Comment un sport de glisse aquatique peut-il s’exercer dans l’espace urbain ? Pourquoi n’y avait-t-il pas déjà de femme arbitre musulmane dans le football anglais ? Il s’agit à la fois de chahuter la doxa en questionnant un fait du monde sportif et de faire circuler un discours sur le monde du sport : en effet, celui-ci est présenté et construit comme un microcosme, dynamique, dans lequel s’observent et se développent des pratiques tantôt inédites, tantôt atypiques, un univers mobile animé de changements qui interrogent.
La chronique du 27 août 2020 est ainsi consacrée à un joueur de hockey israélien, Eliezer Sherbatov, qui a choisi de rejoindre le club d’Auschwitz en Pologne. Sur le site de la station France inter, la chronique est titrée « Un joueur de hockey israélien part jouer… à Auschwitz ! ». La ponctuation suspensive joue sur l’horizon d’attente du radionaute qui ne s’attend pas à un tel choix au regard de la mémoire partagée autour des évènements de la Seconde Guerre Mondiale : le titre de la chronique remplit ici pleinement sa fonction d’interpellation (Charaudeau, 1983). Celle-ci est présentée ainsi sur le site de la station :
Eliezer Sherbatov, le capitaine de la sélection israélienne de hockey sur glace, a pris une décision historique. Cette saison, il part jouer en Pologne, à Oswiecim. Là même où se trouve l’ancien camp nazi d’Auschwitz. Un choix assumé, réfléchi, mais qui fait vivement réagir en Israël.
(présentation de la chronique dédiée à Eliezer Sherbatov, diffusée le 27/08/2020)2
Dans cette présentation, la décision du sportif est à la fois valorisée (« une décision historique ») et mise en opposition (« mais ») avec les réactions qu’elle suscite en Israël. Dans l’introduction de cette chronique, Xavier Monferran souligne le choix « osé » du hockeyeur, relayant au qualificatif « historique » utilisé par l’animatrice de la matinale. Et c’est ce caractère historique qui vient justifier le choix du sujet du jour3 :
Mathilde (M), animatrice de la matinale : « il est 6h14 Esprit Sport c’est une histoire que nous raconte Xavier Monferran tous les matins bonjour Xavier
XM : bonjour Mathilde
M : Aujourd’hui il s’agit d’un hockeyeur qui a fait un choix + historique
XM : et osé + on peut le dire il s’appelle Eliezer Sherbatov et c’est le capitaine de l’équipe nationale + de hockey sur glace + d’Israël alors pourquoi je vous parle de lui et de cette équipe de hockey sur glace c’est une modeste nation du hockey hein bien loin derrière les cadors que sont le Canada, les États-Unis, la Russie ou la Suède. Israël et son capitaine Sherbatov pointent au 34e rang mondial. Israël ne compte que 700 joueurs, et trois patinoires. Eliezer Sherbatov lui, a grandi au QUÉbec, à Montréal, dans une famille juive d’origine russe. Il rêve de jouer comme tous les gamins dans la NHL, le grand championnat nord-américain, avec ses co-équipiers de la ligue junior major du Québec. C’est l’antichambre de la grande NHL. Mais sa carrière le conduit finalement en Europe, et notamment + au Kazakhstan avant de rejoindre la Pologne + cet été, et un club ++ pas comme les autres : Oswiecim. + Oswiecim c’est le nom polonais +++ d’Auschwitz ! Le capitaine de l’équipe d’Israël joue à Auschwitz + là même où se trouve donc l’ancien camp nazi. Et ce n’est pas un hasard. C’est une décision réfléchie + assumée + et REvendiquée par Eliezer Sherbatov comme il l’a expliqué à nos confrères de l’AFP… ».
Dans cette introduction, la figure d’Eliezer Sherbatov se construit progressivement sur un double plan : sur le plan sportif d’une part, celui-ci est présenté comme « capitaine de l’équipe nationale de hockey sur glace d’Israël », équipe qui est resituée à l’échelle internationale (« bien loin derrière les cadors que sont le Canada, les États-Unis, la Russie ou la Suède ») ; sur le plan personnel d’autre part, le chroniqueur évoque les origines, l’enfance et les rêves du sportif qui n’ont rien d’atypiques, le sportif étant comparé à « tous les gamins ». Toutefois, un basculement s’opère par le biais du connecteur pivot « mais » et de l’opérateur « finalement » qui introduisent le caractère inattendu de la trajectoire du hockeyeur avec son passage du continent nord-américain au continent européen jusqu’à sa situation actuelle : « Le capitaine de l’équipe d’Israël joue à Auschwitz ». Le chroniqueur ménage en outre une certaine progression avec un énoncé autonymique, le nom de la ville étant d’abord prononcé en polonais : « Oswiecim c’est le nom polonais +++ d’Auschwitz ! ».
La chronique se poursuit avec l’insertion de l’extrait d’une interview de Eliezer Sherbatov réalisée par l’AFP et sur laquelle Xavier Monferran s’appuie pour reformuler une partie du propos en anglais du sportif et pour mettre en avant les motivations de celui-ci :
Eliezer Sherbatov (interview préenregistrée insérée, voix de Eliezer Sherbatov en anglais en arrière-plan accompagnée de bruits d’entraînement et de la voix masculine du traducteur au premier plan) : « Je savais que ça allait faire parler, dans le monde entier. Et c’est une motivation supplémentaire pour moi. C’est la raison pour laquelle je suis là. Pour montrer aux Juifs que même 75 ans après l’Holocauste, nous pouvons réussir partout dans le monde. Y compris ici à Oswiecim, devant les supporters qui vont nous encourager. + Forcément, je suis déçu par certaines critiques. Mais je ne peux en vouloir à personne, car chaque Juif a vécu l’holocauste + à sa façon…
XM : voilà + montrer que les juifs peuvent gagner partout même là où le pire s’est produit pour eux jouer et gagner pour les victimes de l’holocauste + voilà ce que veut Eliezer Sherbatov ».
Cet extrait met l’accent sur la portée symbolique du geste d’Eliezer Sherbatov en rapportant celui-ci à la mémoire des évènements de la Seconde Guerre Mondiale, en opérant un rapprochement spatial et temporel inattendu et jusque-là considéré comme impensable (« même 75 ans après l’Holocauste », « même là où le pire s’est produit ») et en introduisant, par la généralisation (« pour montrer aux juifs », « partout dans le monde », « les juifs peuvent gagner »), une dimension communautaire et morale à l’énoncé. La reformulation finale, assortie de formes infinitives, proposée par Xavier Monferran achève de généraliser et de valoriser le choix et les motivations du sportif en instituant les victimes de l’holocauste en bénéficiaires de sa décision (« jouer et gagner pour les victimes de l’holocauste »).
4.2 Le sport pour susciter le débat
Les productions radiophoniques du corpus peuvent problématiser une action ou un choix effectué par un sportif ou un club sous l’angle du débat que celle-ci ou celui-ci suscite. C’est le cas de la chronique consacrée à Eliezer Sherbatov que nous venons d’évoquer et qui se poursuit ainsi, après relance par l’animatrice :
M : « Forcément une telle décision ne passe pas inaperçue ça fait débat en Israël.
XM : oui beaucoup sont étonnés + par ce choix mais certains vont jusqu’à crier à la trahison voire à la provocation en cette année + très particulière du 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz Birkenau. Le mémorial d’Auschwitz lui vient au seCOURS du hockeyeur en disant que le joueur comprend mieux l’histoire en fait c’qu’il faut comprendre derrière c’est que le contexte est particulier hein + tendu même la Pologne niant toute connivence avec l’Allemagne nazie d’ailleurs la loi polonaise a banni l’expression camp de la mort polonais et punit désormais ceux qui accusent la Pologne de participation aux crimes nazis. Eliezer Sherbatov lui a promis de se rendre très vite au camp d’Auschwitz et rêve ++ de finir sa carrière en Israël. » (chronique Esprit Sport, France Inter, 27/08/2020).
L’opérateur argumentatif « forcément » utilisé par l’animatrice rend inévitable et légitime le débat suscité en Israël tandis que le développement proposé par XM synthétise les réactions observées, entre étonnement, accusation de trahison et provocation (« vont jusqu’à crier à la trahison voire à la provocation »). Le chroniqueur déplace d’abord le débat dans le champ historique et institutionnel avec la mention du soutien affiché par le mémorial d’Auschwitz, puis dans le champ politique autour de la question de la relation entre la Pologne et l’Allemagne nazie, et enfin sur le plan juridique et linguistique (« la loi polonaise a banni l’expression camp de la mort polonais et punit désormais ceux qui accusent la Pologne de participation aux crimes nazis »). XM achève sa chronique en contextualisant la décision du sportif selon les deux points de vue en opposition, israélien et polonais, mais avec un énoncé de conclusion (« Eliezer Sherbatov lui a promis de se rendre très vite au camp d’Auschwitz et rêve ++ de finir sa carrière en Israël ») qui se focalise à nouveau sur l’acteur principal du propos : en évoquant la promesse et le rêve d’Eliezer Sherbatov, XM pose en quelque sorte le sportif en médiateur d’une possible réconciliation.
Cette chronique donne une résonnance particulière à la décision d’Eliezer Sherbatov. Elle montre que le sport et les choix des sportifs peuvent être traversés par des débats et des enjeux historiques, politiques, juridiques et linguistiques mais qu’ils peuvent aussi constituer une voie de changement. Dans d’autres chroniques de cette série, ce sont des enjeux similaires ou d’autres natures qui peuvent être mis en lumière : enjeux politiques dans la chronique « Jeux olympiques : les athlètes auront interdiction de donner leur opinion politique sur le podium », économiques avec « Le business des maillots des équipes professionnelles de football », humains lorsque « Marcus Rashford, bourreau du PSG, veut nourrir les enfants pauvres ! », religieux pour la chronique intitulée « Suspendu pour avoir blasphémé sur un terrain de football ! », artistiques lorsqu’il s’agit du destin du tennisman Boris Becker porté à l’écran (« Boris Becker, son destin valait bien un film ! ») ou encore territoriaux lorsqu’une petite équipe d’un département rural accède à la finale du championnat de France de Volley-Ball (« Volley-ball : Chaumont, en Haute Marne, encore en finale ! »).
Ce qui importe dans Esprit Sport, c’est de souligner le caractère incongru, inattendu voire imprévisible de l’information qui devient un événement au sens de Charaudeau (2005), d’en souligner sa portée au-delà du sport et de construire des passerelles fécondes, dans et par l’écriture radiophonique, entre le sport et de nombreux autres pans de la société.
4.3 Le sport, source de bien-être
Dans le corpus constitué, il est apparu que le sport est aujourd’hui associé à une quête de bien-être au quotidien. Si des émissions-conseils dédiées à cette thématique y ont fréquemment recours, c’est le cas par exemple de l’émission Grand Bien Vous Fasse ! diffusée sur France Inter, des chroniques comme L’âme olympique s’attachent à prendre appui sur l’expérience de la pratique sportive en compétition de haut niveau pour développer une notion ou un concept (la créativité, le plaisir), une situation (l’échec), une valeur (la simplicité) dans une visée de conseil :
Chaque week-end, Cécilia Berder, journaliste et vice-championne du monde au sabre prodigue les bienfaits de l’esprit sportif dans la vie de tous les jours4.
Cette chronique-dialogue met en parallèle, et de façon systématique, l’expérience vécue en compétition ou en coulisse par la championne d’escrime et chroniqueuse, Cécilia Berder, et les expériences de la vie de tous les jours qui peuvent être vécues comme des obstacles à franchir, des défis à relever ou des conduites à adopter au quotidien. L’extrait qui suit correspond à l’incipit de la chronique intitulée « Adieu feuille blanche, bonjour créativité ! » (06/02/2016) :
Jérôme Cadet (voix masculine de France Info) : L’âme Olympique on accueille Cécile Berder bonjour
CB : Bonjour Jérôme
JC : Membre de l’équipe de France de sabre qui s’est qualifiée le week-end dernier pour les jeux olympiques de Rio bravo à vous et à vos collègues de l’équipe de France
CB : Merci
JC : Aujourd’hui le sujet qui vous + inspire c’est la créativité comment on trouve des idées
CB : Je suis sûre qu’on a tous connu un jour où TOUT a fonctionné, où notre cerveau foisonnait d’idées toutes plus pertinentes les unes que les autres. C’est juste INCROYAble comme dans ces moments, notre esprit invente des créations avec une facilité déconcertante. C’est COMME + si on est comme dans un état de transe, de rêve où on est capable un peu de transformer l’invisible en visible. Et pour les amateurs de sport vous avez sûrement connu ça AUSSI quand TOUT + coule de source, TOUT nous inspire. On a au moins trois coups d’avance sur l’adversaire. Eh bien on appelle cela + être dans la zone ».
Dans cette introduction, l’expérience sportive de la championne n’est pas d’emblée associée à la problématique de la créativité : au contraire, elle est englobée dans un énoncé visant l’identification collective (« on a tous connu un jour », « notre cerveau », « notre esprit », « on est capable »). Dans un second temps, l’énoncé s’oriente vers un appel aux « amateurs de sport » qu’il s’agit à la fois de reconnaître mais aussi d’inclure dans le collectif précédemment constitué grâce à l’emploi des opérateurs argumentatifs « sûrement » et « aussi » (« vous avez sûrement connu ça AUSSI »). Ensuite, le questionnement argumentatif se resserre sur le caractère mystérieux et incontrôlable de la créativité en conservant cette dimension collective mais en introduisant l’expérience vécue par la championne d’escrime, relatée au présent atemporel et marquée par l’introduction de la première personne (« je », « mon adversaire », « mon cerveau »), « je m’retourne vers mon camp »…) :
JC : Parfois c’est aussi l’angoisse de la feuille blanche hein ça peut être la panne d’inspiration
CB : c’est vrai que notre créativité elle agit de manière ++ très mystérieuse parce que les idées des fois elles apparaissent de nulle part parfois un stress ou une quelconque tension eh bien bloque + tout notre imaginaire eh bien en fait c’est cette sensation quand en plein match je sens que mon adversaire prend le dessus + mon cerveau est complètement dans le flou je m’retourne vers mon camp en recherche d’idée et j’espère qu’une seule chose inspiration reviens vite j’ai besoin de toi et en fait pour qu’elle revienne eh bien il est important de comprendre que notre créativité elle est liée à nos émotions + en fait tout se joue dans notre cerveau avec ces deux hémisphères alors il y a celui de gauche qui est plutôt + RAtionnel et analytique et il y a notre hémisphère à droite qui est plutôt + créatif et émotionnel donc si on laisse un peu plus de place à notre hémisphère droit en évitant par exemple de vouloir tout contrôler ou en se laissant aller de temps en temps à nos émotions eh bien la + CRÉativité viendra plus facilement ».
L’expérience incarnée par le « je » prépare une séquence explicative qui va servir à mettre en relation la créativité et le fonctionnement du cerveau : la chronique recouvre ici une dimension de médiation des savoirs au moment où la chroniqueuse détaille la fonction des deux hémisphères cérébraux. Cette séquence explicative justifie la conclusion, introduite par le connecteur « donc », qui prend la valeur illocutoire de proposition de solution conditionnelle (« si on laisse un peu plus de place… ») accessible à tous (« on »). La visée de conseil s’affirme ensuite par l’intervention de l’animateur qui invite la chroniqueuse à compléter son propos, ce qu’elle s’attache à faire :
JC : « Donc vous avez des trucs à nous conseiller
CB : alors déjà on peut commencer par s’détendre par s’relaxer parce que ça va libérer tout notre esprit des préoccupations du quotidien + c’est conseillé aussi de rêvasser de s’accorder des moments de solitude parce que les meilleures idées elles peuvent apparaître de nulle part + A nous aussi par exemple d’être à l’écoute des signaux, des hasards, de fouiner dans l’inconnu, de chercher AU-DELÀ de notre univers j’ai par exemple pu créer une nouvelle posture à l’escrime en observant la souplesse et la légèreté de certains danseurs ».
L’éloge de la détente, de la rêverie (« rêvasser »), de la solitude et d’une certaine philosophie de vie va à l’encontre de la doxa c’est-à-dire des représentations socialement prédominantes associées à la société de la vitesse, du stress, de l’attention constante, notamment dans le cas des discours sur l’activité professionnelle. La preuve par l’expérience (« j’ai par exemple pu créer une nouvelle posture… ») accentue la portée de l’argument en venant ancrer le propos dans le réel. La chronique s’attache ensuite à contester une idée reçue selon laquelle les individus ne seraient pas égaux face à la créativité :
JC : « Après on sait que certaines personnes sont plus créatives que d’autres non ?
CB : c’est là où j’suis pas d’accord parce que la créativité c’est pas un + talent réservé à certains. C’est un SAvoir-faire qui se développe en fait
JC : tout le monde peut être créatif ?
CB : tout le monde peut être créatif mais pour être créatif c’est sûr que la tâche à accomplir doit nous rendre + enthousiaste il est fort possible que si on me demande de dessiner un tableau eh bien ma créativité va être sûrement moins stimulée que si l’on me demande d’inventer un nouveau jeu ou un geste sportif + Donc laissons-nous aller à NOTRE créativité, laissons-nous porter par NOTRE inspiration, par le VRAI frisson et pour beaucoup d’experts, l’économie mondiale ne sera désormais plus basée sur la CONNAISSANCE mais justement sur la CREATIVITE. Alors lâchons-nous et inventons notre nouveau monde !
JC : Cécilia Berder merci beaucoup. L’âme olympique que vous retrouvez également sur Franceinfo.fr ».
Forte de son expérience et de la figure d’experte dont elle bénéficie dès l’ouverture de la chronique, le propos de Cécilia Berder alimente une conclusion : « la créativité c’est pas un talent réservé à certains. C’est un savoir-faire qui se développe ». Celle-ci s’appuie, on le voit dans l’ensemble de cette chronique, sur des savoirs de connaissance et d’expérience (Charaudeau, 2005) : l’expérience individuelle sert d’exemple (« j’ai par exemple pu créer une nouvelle posture à l’escrime ») et devient le support de conseils prodigués à tous, avec le ton ferme et assuré de la sportive accomplie, conseils applicables par tous (« tout le monde », « notre créativité », « notre inspiration », « on est capable »…). Au demeurant, la chronique se termine, et c’est systématiquement le cas dans cette série, par un énoncé à l’impératif, à valeur d’exhortation et de morale (« laissons-nous aller », « laissons-nous porter », « Lâchons-nous, et inventons notre nouveau monde ») telle une invitation à agir. Dans les quatre autres chroniques de la série, ce sont des conseils qui sont donnés pour simplifier notre quotidien (22/04/2016), pour mieux retrouver le plaisir de s’alimenter (03/01/2016), pour mieux gérer son énergie chaque jour (13/11/2015) ou encore rebondir après l’échec (26/09/2015), sur le même parallèle avec l’expérience vécue en contexte de compétition ou d’entraînement. Et il s’agit toujours de considérer que « La vie de chacun ressemble souvent à une vie de sportif de haut niveau » comme le montre le texte de présentation du numéro consacré à la créativité, décliné selon les sujets : « La vie de chacun ressemble souvent à une vie de sportif de haut niveau. On se fixe des nouveaux challenges, on a tous des objectifs de vie bien déterminés. Cécilia Berder, membre de l’équipe de France d’escrime, nous donne des idées pour améliorer notre créativité et pour développer notre capacité à avoir des idées. »5.
4.4 Le sport dans la culture, la culture dans le sport
Nous nous attarderons pour clore cette étude sur un cas où le sport est problématisé de telle sorte qu’il revêt une valeur culturelle présupposée : en effet, l’univers du sport peut être utilisé comme un prisme pour comprendre par exemple l’histoire du pays ou pour alimenter la galerie des personnalités considérées comme héroïques voire mythiques dans une société donnée. Ainsi, le magazine L’œil du tigre animé par Philippe Collin, se présente comme « L’écho chic, décalé et populaire de cet exceptionnel terrain de jeu qu’est le sport »6. Faute de place suffisante pour procéder à une analyse fine et illustrée de l’émission, nous nous limiterons à des remarques d’ensemble à partir de quelques incipit de l’émission. L’œil du tigre met en lumière dans une ambiance feutrée, presque intime du dimanche soir, un événement ou un sportif pour questionner son histoire (« Une histoire du foot arabe », 21/04/2019), ses relations à un contexte historique singulier (« le sport sous l’occupation », 19/01/2020 ; « Le sport dans l’Allemagne réunifiée », 10/11/2019) ou pour revisiter des personnalités emblématiques du sport : « Enzo Ferrari, l’homme derrière le mythe » (29/12/2019), « Mohamed Ali l’invincible » (04/09/2016), « Carl Lewis, roi olympique » (17/09/2017), « Inventeur et marin : Eric Tabarly, la navigation à la française » (06/09/2020). Il peut s’agir aussi d’interroger une pratique sociale à l’instar de l’émission consacrée aux comportements des supporters dans les années 30, « Côté tribunes : les supporters, de la Belle Époque aux années 1930 » (01/03/20), ou au vélo, « Le vélo : un sport d’intello ? » (17/03/2019). Le magazine peut en outre choisir d’explorer une pratique artistique : « Comment filmer le sport ? » (22/09/2019) ou « La photographie de sport » (23/02/2020).
La finalité de l’émission n’est pas de magnifier le sport, les sports et leurs sportifs érigés en héros mais de l’éclairer et de les éclairer dans toute la complexité, les contradictions, les côtés sombres qui le ou les traversent, en questionnant « sans pour autant trancher ni se placer dans le paradigme vrai/faux » (Amossy, 2018). Il s’agit de produire une autre histoire du sport et d’inscrire ce dernier dans l’histoire sociale et culturelle. Le choix et la diffusion des sujets sont le plus souvent motivés par un événement sportif passé dont il s’agit de se souvenir grâce à un événement culturel comme la parution d’un ouvrage, l’organisation d’une exposition ou la réalisation d’une performance artistique. En témoignent les accroches ci-dessous qui figurent le page de l’émission du site internet de France Inter :
En 1964, la France a les yeux rivés sur le navigateur qui remporte contre toute attente, à bord du célèbre Pen Duick II, la Transat anglaise. Retour sur le parcours de ce Nantais hissé au rang de héros… (« Inventeur et marin : Eric Tabarly, la navigation à la française », 06/09/2020)7
« Plus vite, plus haut, plus fort : Filmer le sport » : le nouveau cycle organisé par La Cinémathèque du documentaire à la Bibliothèque publique d’information (Bpi) se tient jusqu’au 20 décembre 2019 au Centre Pompidou à Paris. L’occasion de nous poser la question dans l’œil du Tigre… (« Comment filmer le sport », 22/09/2019)8
La figure de Rocky Balboa inspira une nouvelle de l’écrivaine Emmanuèle Bernheim en 2002. Fabien Gorgeart et Clotilde Hesme la portent à la scène dans le cadre du Festival d’Automne au 104. Ils sont avec nous ce soir, accompagné par le critique de cinéma Jérôme Momcilovic. (« Sylvester Stallone, l’œil du tigre », 06/10/2019)9.
L’émission évènementialise et problématise les sujets en accentuant leur actualité, leur caractère imprévisible (« contre toute attente ») ou leur nouveauté (« le nouveau cycle ») ou en dévoilant une information à l’instar de Rocky Balboa, héros du cinéma populaire américain, inspirant contre toute attente une nouvelle à Emmanuèle Bernheim.
Dans L’œil du tigre, le sport et les sportifs sont explorés en relation tantôt avec des disciplines scientifiques (l’histoire), tantôt avec les arts (cinéma, photographie, danse, littérature). Un numéro de l’émission est par exemple consacré au travail d’Angelin Preljocaj, danseur et chorégraphe mais aussi ancien judoka, directeur du centre chorégraphique national d’Aix-en-Provence : ce numéro a été diffusé à l’occasion de la programmation d’un documentaire qui lui a été consacré sur France 5 et l’essentiel du propos de l’émission est ainsi problématisé sous l’angle de l’influence de la danse sur le sport (« Angelin Preljocaj : de l’influence de la danse sur le sport », 14/04/2019).
L’émission intitulée « Les champions italiens du Tour de France » est quant à elle annoncée comme suit dans la séquence de clôture de l’émission du 06/09/2020 :
PC : « on se retrouve la semaine prochaine bien entendu avec les italiens du Tour de France Boteccia Bartali Copi Pantani ces champions cyclistes ont REMporté le Tour de France au 20e siècle et vous verrez que chacune de leurs victoires + racontent l’histoire de l’Italie » (L’œil du tigre, clôture de l’émission du 06/09/2020).
Après le générique et une courte archive sonore prise en charge par une voix masculine évoquant Ottavio Bottechia mais dont l’origine n’est pas précisée, l’émission diffusée le dimanche suivant est introduite ainsi par l’animateur :
(archive, voix masculine) « Vous allez voir arriver Bottechia, ex maçon dans le Frioul. Bottechia ne vous regardera pas avec ses yeux mais seulement avec le bout de son nez. Et le bout de son nez est avenant comme une lame de couteau.
PC : Ottavio Bottechia c’est le pionnier + le tout premier cycliste italien à avoir remporté le Tour de France édition 1924 + depuis ils ne sont pas si nombreux six autres lui ont succédé 7 vainqueurs au total qui les UNS après les autres racontent UNE histoire de l’Italie au 20e siècle une histoire à travers ce sport SI populaire au-delà des Alpes sans doute parce que le vélo + l’objet + occupe une place à part + dans le cœur des Italiens » (L’œil du tigre, introduction de l’émission du 13/09/2020).
L’introduction est construite de façon à relier un événement sportif national, le Tour de France, avec les victoires de sept cyclistes italiens d’une part, puis à relier ces victoires avec l’histoire d’un pays, l’Italie, et de son peuple (« si populaire », « le cœur des italiens »). Pour ce numéro, Philippe Collin est accompagné de deux invités experts venus, comme il l’annonce lui-même, « conter l’épopée des cyclistes italiens sur le Tour de France » : un écrivain journaliste présenté comme « grand amateur de cyclisme, il est venu à vélo ce soir », Éric Fottorino, et un historien de l’Italie à l’université Paris 1, Fabien Archambault. Le recours à ces deux experts, dont la légitimité, professionnelle et personnelle est posée d’emblée, assure la crédibilité des propos qui vont être tenus, des savoirs professionnels et universitaires qui vont circuler, et donc la valorisation de l’objet dont il est question : le cyclisme.
Un autre numéro, intitulé « La photographie de sport », débute par une courte archive où l’on entend la voix de Robert Doisneau sur laquelle Philippe Collin s’appuie cette fois pour introduire son propos et mettre au jour les deux défis que relève la photographie de sport : saisir l’instant et rendre visible l’invisible.
PC : (après la voix de Doisneau et la musique du générique) « être LÀ + pour attraper la photo disait Robert Doisneau être LÀ sur le coup pour saisir l’instant c’est aussi le crédo des photoreporters de sport être LÀ pour saisir une image à l’arrêt d’une activité qui n’est QUE mouvement voilà le premier défi le second consiste à nous faire voir ce qui est INvisible dans le feu de l’exploit sportif car photographier le sport c’est aussi révéler aux téléspectateurs des images qu’ils ne connaissent pas + un monde + PArallèle où le sport se montre sous un autre jour + des images où se racontent d’autres histoires ++++ (musique du générique) A tout cela il faut ajouter que la photographie + et le spectacle sportif sont nés ENSEMBLE à la fin du 19e siècle et qu’ils n’ont cessé depuis de se nourrir l’un l’autre » (23/02/2020).
L’anaphore « être là », travaillée sur le plan sonore par l’intonation et l’accentuation de l’adverbe de lieu (« là »), accentue la profondeur du propos qui vise dans un premier temps à valoriser le travail artistique du photoreporter qui devient médiateur et conteur. Puis, le terme de l’introduction réunit (« sont nés ensemble », « se nourrir l’un l’autre ») deux mondes : la photographie et le spectacle sportif. Et l’auditeur comprend que la problématisation de l’émission va se déployer autour de cet entrelacement.
Un autre numéro enfin est consacré à la boxe ou plus particulièrement au film américain populaire Rocky 310. L’émission débute par une courte archive d’époque portée par une voix féminine annonçant la sortie du film comme est annoncée la commercialisation d’un vin primeur populaire bien connu des Français (« le Rocky nouveau est arrivé »). Puis Philippe Collin prend la parole et prolonge l’archive par un énoncé qui apparaît antithétique dans la mesure où il qualifie le film de poétique (« Rocky 3 c’est aussi une poétique »). En effet, au regard de la popularité du film, ce n’est pas ce qualificatif – accentué par l’intonation de Philippe Collin – qui vient immédiatement à l’esprit, mais l’introduction propose une problématisation qui va pourtant en ce sens :
(archive, voix féminine) « Bonjour le Rocky nouveau est arrivé Rocky 3 alias L’œil du tigre Rocky c’est Sylvester Stallone vous le connaissez pour avoir vu déjà sans doute Rocky 1 et Rocky 2 ++ et qui dit Rocky ou qui dit Sylvester Stallone dit victoire + victoire remportée sur les autres puisque Rocky est un boxeur mais victoire aussi remportée sur soi-même et c’est ce qu’on aura l’occasion de voir dans ce film
PC : Tout à fait mais Rocky 3 c’est aussi une poéTIQUE + du combat ou une chanson de geste c + elle de la liberté de se réinventer +Rocky 3 + c’est aussi un acte de foi + ou l’éloge de la persévérANCE + Rocky 3 ne parle pas uniquement de boxe mais d’accomplissement PERsonnel et ce film un peu cheap + des années 1980 pose à chacun et chacune la question existentielle de savoir ce que nous allons faire du temps qui nous est imparti ++ Rocky Balboa s’adresse à toi + es-tu certain + es-tu certaine de mener la vie que tu veux ? ».
Philippe Collin relie le film à l’écriture (« poétique du combat »), à un genre littéraire (« une chanson de geste »), à la rhétorique (« l’éloge ») et à des valeurs (liberté, persévérance, accomplissement personnel) jusqu’à interpeller l’auditeur (« toi », « es-tu certain », « es-tu certaine ») sur une question existentielle. Dans ce même numéro, Philippe Collin s’appuie en outre tant sur un extrait du film Rocky 3 que sur une interview de Jean Cocteau évoquant la poésie et les poètes du sport pour rendre compte des relations entre la boxe et la littérature.
Plus globalement, l’émission L’œil du tigre s’attache à construire une épaisseur culturelle au sport en le décloisonnant : le sport ne vaut plus seulement pour lui-même mais pour la société tout entière grâce aux axes de problématisation qui sont proposés par l’animateur dans le format long dont dispose le magazine : Que signifie être photographe de sport ? Comment le devient-on ? Comment sport et photographie se sont-ils mutuellement nourris tout au long du 20e siècle ? Quels sont les gestes techniques de la prise photographique en relation avec la gestuelle du sport ? Quel parallèle peut-on faire entre le repérage du photographe et celui du sportif ? Y a-t-il concurrence entre les photographes sur le terrain ? (émission La photographie de sport du 23 février 2020). Le magazine, dans sa dimension didactique, apporte des réponses fondées sur des retours d’expérience, des anecdotes et sur une réflexion que développent et partagent les experts invités avec l’animateur. Ainsi, grâce aux séquences explicatives mais aussi narratives thématisées (récit consacré à Henri Cartier Bresson dans le numéro dédié à la photographie de sport) et aux archives audiovisuelles, cinématographiques, musicales mobilisées systématiquement dans ce magazine, l’émission L’œil du tigre opère un travail d’assimilation entre sport et culture11.
5 Conclusion : une écriture radiophonique qui décloisonne le sport pour l’instituer en bien culturel commun
L’analyse certes non exhaustive de ces trois productions radiophoniques s’est donné pour objectif de montrer que, en dépit des différences que celles-ci présentent en termes de scénographies, de genres, de formats et d’ambiances, le sport en tant que pratique constitue une ressource problématisée pour ses potentialités sociales et culturelles et non simplement une thématique qui alimente l’offre de programme : dans les émissions qui ne sont pas dédiées à l’actualité sportive ou à la retransmission d’évènements sportifs, le sport alimente des problématiques transversales et des questionnements plus denses. Il devient support d’une mémoire sociale et historique et les savoirs de connaissances et d’expériences transmis par ces experts (sportifs, journalistes, écrivains, scientifiques, grands témoins) de même que les valeurs qui pouvaient lui être réservées dans l’imaginaire collectif sont versées au bénéfice du bien commun.
Les récits ou anecdotes, très présents dans ces émissions, sont traversés par les valeurs que l’on attribue communément au sport : la persévérance, le dépassement de soi, le courage, la capacité à rebondir ou encore la créativité sont mobilisés pour orienter le propos dans les chroniques ou densifier les entretiens dans le format plus long du magazine. Mais il ne s’agit pas simplement de mettre en lumière les valeurs du sport dans une perspective endogène : il s’agit de faire dialoguer ces savoirs et ces valeurs en les positionnant comme des « motifs », des supports d’analogie ou des clés de lecture pour éclairer différemment un événement, un produit culturel, un fait divers ou la vie quotidienne. En retour, le sport acquiert une épaisseur historique, artistique, sociale et culturelle et ainsi une légitimité qui le hisse non plus au rang de loisirs, de divertissement ou de domaine de pratiques réservé aux amateurs ou professionnels mais au rang de catégorie transversale. En effet, les mises en relation avec les arts, les sciences, la politique mais aussi avec la vie quotidienne au-delà de l’activité physique font du sport une ressource qui traverse la société, consubstantielle à la culture. Ces valeurs incarnées par des sportifs, des plus illustres aux plus méconnus, sont mobilisées pour donner aux différents sports, aux évènements sportifs, comme par exemple les Jeux olympiques d’Atlanta en 1996, une profondeur et une épaisseur de portée symbolique : le sport ou l’événement devient un espace d’identification que l’auditeur peut aisément imaginer, vivre ou revivre et s’approprier. Le rapport du public au sport (et réciproquement du sport au public) et la figure même du sportif, pouvant certes être héroïsé pour ses exploits mais aussi valorisé dans ses engagements ou au contraire mis à mal dans son parcours de vie, s’en trouvent ainsi modifiés.
Les émissions étudiées ici proposent une autre lecture du sport, une lecture culturelle et sociale en appui sur des archives radiophoniques, cinématographiques, télévisuelles, des discours d’experts sportifs mais aussi scientifiques, journalistes, écrivains, acteurs, metteurs en scène, artistes. En médiatisant le sport, au-delà de la pratique physique, de l’évènement ou de l’exploit sportif retransmis et commenté et en contribuant à faire circuler, à rendre accessibles et à transmettre des savoirs à l’heure du podcast et des nouveaux usages de la radio en environnement numérique, la radio contribue aux processus de patrimonialisation (Davallon, 2014) du sport. Ainsi, « sports et médias participent de concert à la constitution d’une culture de masse qu’ils contribuent à modeler, à modifier, à répandre, par l’intermédiaire (…) de nouvelles formes de mises en spectacle et en discours » (Clastres & Méadel, 2007). Le sport est scénographié pour faire l’objet d’un travail de réinterprétation non seulement comme un apport culturel légitime et prêt à l’emploi mais aussi comme un « contributeur » culturel et un « référent universel » (Diana & Lochard, 2004), c’est-à-dire à la fois comme un ensemble capable de s’inscrire et de rencontrer un héritage déjà présent mais aussi de nourrir, de renouveler et d’étendre le périmètre de la culture.
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https://www.franceinter.fr/emissions/histoires-de-sport (consulté le 20 janvier 2022).
https://www.franceinter.fr/emissions/esprit-sport/esprit-sport-27-aout-2020 (consulté le 23 janvier 2022).
Pour la transcription, nous avons adopté partiellement les conventions de transcription proposées par Marion Sandré (2013) : ici les majuscules correspondent à l’accentuation d’une syllabe et les symboles +, ++ ou +++ indiquent une pause très brève, brève ou moyenne. Nous avons conservé une ponctuation minimale afin de faciliter la lecture et la compréhension du texte.
Présentation de la chronique L’âme olympique sur le site de la station France Info : https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-ame-olympique/ (consulté le 25 janvier 2022).
Site de France Info : https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-ame-olympique/adieu-feuille-blanche-bonjour-creativite_1775783.html (consulté le 25 janvier 2022).
https://www.franceinter.fr/emissions/l-oeil-du-tigre/l-oeil-du-tigre-06-septembre-2020 (consulté le 25 janvier 2022).
https://www.franceinter.fr/emissions/l-oeil-du-tigre/l-oeil-du-tigre-22-septembre-2019 (consulté le 25 janvier 2022).
https://www.franceinter.fr/emissions/l-oeil-du-tigre/l-oeil-du-tigre-06-octobre-2019 (consulté le 25 janvier 2022).
Dans un numéro de la chronique Les lieux du stade, qui n’a pas été analysée dans cette étude, c’est le Old Course de Saint Andrews, berceau écossais du Golf où s’organise l’Open de Saint Andrews qui est mis en relation avec l’univers d’Harry Potter : grâce à un habillage sonore (vents, corbeaux) et un thème musical joué à la flûte qui ressemble fortement au thème de la saga, c’est une ambiance médiévale, un univers mystique qui sont créés. L’événement prend corps autrement, par un travail de maillage, de mise en coprésence, en proximité ou en superposition de voix (d’acteurs présents ou importés dans les archives) et de sons.
Citation de l’article: Equoy Hutin S (2022) Radio, sport et culture : quand l’écriture radiophonique construit un discours culturel au-delà des résultats et des performances. Mov Sport Sci/Sci Mot, 118, 49–60
Liste des tableaux
Un tableau synthétique des productions radiophoniques retenues pour l’analyse.
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