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Journal |
Mov Sport Sci/Sci Mot
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DOI | https://doi.org/10.1051/sm/2024027 | |
Published online | 04 March 2025 |
Article
Étalonnage du Test d’Imagerie Motrice Implicite 2e version sur une population développementale française : le TIMI-2
Development and validation of the Test of Implicit Motor Imagery 2nd version on a French developmental population: TIMI-2
1
Institut de Formation en Psychomotricité de Montpellier, Faculté de Médecine de Montpellier-Nîmes,
Université de Montpellier, France
2
Laboratoire PSYCLE, Institut Supérieur de Rééducation Psychomotrice, Aix Marseille Université, France
3
Institut de Formation en Psychomotricité de Montpellier, Faculté de Médecine de Montpellier-Nîmes,
Université de Montpellier, France
4
Institut de Formation en Psychomotricité de Toulouse, Département médecine, maïeutique et paramédical,
Université Toulouse III Paul Sabatier, Toulouse, France
5
NaturalPad, Montpellier, France
* Auteur correspondant : f.puyjarinet@hotmail.fr
Reçu :
22
Février
2023
Accepté :
27
Octobre
2023
L’imagerie motrice (IM), qui renvoie à la simulation mentale d’une action et des sensations associées, constitue une voie privilégiée pour tester l’intégrité des modèles internes et, finalement, celle du système moteur. Souvent intégrés à des troubles tels que la paralysie cérébrale ou le trouble développemental de la coordination, les déficits d’IM doivent être recherchés dans une démarche de diagnostic de précision afin de mieux cerner le profil neuropsychologique de patients adressés en bilan, et pouvoir estimer en pré-intervention les chances de réussite d’une rééducation basée sur la simulation mentale de mouvements. Le manque d’outils d’évaluation dans le domaine a longtemps entravé la mise au jour de tels déficits par les cliniciens. Cet état de fait couplé à l’importance de créer de nouveaux tests ancrés dans les théories motrices et les modèles les plus récents imposent d’actualiser l’arsenal évaluatif des rééducateurs (psychomotriciens, kinés, professeurs d’activités physiques adaptées, etc.). Dans ce contexte, nous avons entamé l’étalonnage de plusieurs outils d’évaluation des capacités d’IM chez l’enfant, dont le Test d’Imagerie Motrice Implicite 2ème version (TIMI-2), qui sera décrit ici, en même temps que ses propriétés psychométriques.
Abstract
Motor imagery (MI), which refers to the mental simulation of action and associated sensations, is an ideal way of testing the integrity of internal models and, ultimately, that of the motor system. Often associated with disorders such as cerebral palsy or developmental coordination disorder, MI deficits need to be investigated within a precision diagnostic approach, to better characterize the neuropsychological profile of individuals referred in therapy. The lack of assessment tools in this field has long hampered the identification of such deficits by clinicians. This situation, coupled with the importance of creating innovative tests rooted in the latest motor theories and conceptual models, means that professionals working in rehabilitation field (psychomotor therapists, physiotherapists, etc.) need to update their assessment toolbox. In this context, we have initiated the standardization and development of several MI skills assessment tools in children, including the Test of Implicit Motor Imagery 2nd version (TIMI-2), which will be described here, along with its psychometric properties.
Mots clés : outil d’évaluation / rotation mentale / jugement de latéralité manuelle / trouble développemental de la coordination / enfants
Key words: assessment tool / mental rotation / hand laterality judgment / developmental coordination disorder / children
© The Authors, Published by EDP Sciences, 2025
This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution License (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0), which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, provided the original work is properly cited.
1 L’imagerie motrice
L’imagerie motrice (IM) est la capacité à simuler mentalement une action en l’absence de mouvement observable concomitant (Guillot, Hoyek, Louis, & Collet, 2012 ; Lebon, Byblow, Collet, Guillot, & Stinear, 2012). L’IM est régulièrement mise à profit dans le domaine de la performance sportive (e.g., Morone et al., 2022 ; Robin & Dominique, 2022), et présente également un intérêt certain – aujourd’hui largement documenté – dans les champs de la rééducation fonctionnelle, par exemple chez l’adulte cérébrolésé (Garcia Carrasco & Aboitiz Cantalapiedra, 2016 ; Guillot et al., 2008 ; Lotze & Halsband, 2006 ; Ruffino, Papaxanthis, & Lebon, 2017). Pratiquée sous certaines conditions, l’IM contribue par ailleurs à l’amélioration des habiletés motrices chez des sujets porteurs de trouble développemental de la coordination ou TDC1 (Blank et al., 2019 ; Puyjarinet, 2019 ; Puyjarinet, Soppelsa, & Connan, 2020 ; Puyjarinet, Connan, Maury, & Soppelsa, 2023 ; Wilson et al., 2016). Chercheurs et cliniciens s’y intéressent de manière croissante depuis les années 1990. Peu coûteuse d’un point de vue matériel et financier, la pratique de l’IM séduit progressivement les thérapeutes qui y voient une opportunité de mettre en pratique une approche ancrée sur des preuves scientifiques (López, Monge Pereira, Centeno, & Miangolarra Page, 2019 ; Lotze & Halsband, 2006).
2 Aspects dimensionnels de l’IM
L’IM est pluridimensionnelle. Il est fréquent, par exemple, de différencier la simulation de mouvement à la première personne (d’un point de vue interne) de l’imagerie à la troisième personne (d’un point de vue externe). Certains auteurs différencient par ailleurs l’imagerie kinesthésique (la simulation associée à des ressentis corporels) et l’imagerie visuelle (la simulation associée à une sollicitation préférentielle du système visuel). Il est également habituel d’établir un distinguo entre l’imagerie motrice explicite, et l’imagerie motrice implicite (e.g., Lebon, Lotze, Stinear, & Byblow, 2012). La différence principale réside ici dans le fait qu’en IM explicite, le sujet est conscient de simuler une action. Ce qui n’est pas le cas en IM implicite. D’autres auteurs parlent aussi d’IM implicite lorsqu’il n’est pas demandé explicitement au sujet de produire des ressentis ou des images mentales sur une tâche donnée. Dans le cadre du travail présenté ici, le paradigme expérimental qui a directement inspiré l’outil d’évaluation développé renvoie à la dimension implicite de l’IM.
3 Intérêts d’évaluer les capacités d’IM
La pratique de l’IM s’avère particulièrement pertinente en tant que technique de soin dans divers contextes pathologiques, surtout si elle est associée en alternance à de l’observation d’action et à de la pratique réelle (Monany, Papaxanthis, Guillot, & Lebon, 2022 ; Puyjarinet et al., 2022 ; Wilson et al., 2016). Mais avant d’envisager un entraînement basé sur la pratique de l’IM, il s’avère indispensable d’évaluer au préalable les capacités d’IM initiales du sujet (i.e., avant un entraînement ou une prise en charge). Notons que les capacités d’IM renvoient ici à l’aptitude d’un individu à simuler mentalement une action par l’intermédiaire de différentes modalités sensorielles, et qui peuvent varier notamment chez l’enfant au cours du développement normal (e.g., Spruijt, van der Kamp, & Steenbergen, 2015). En effet, il a été démontré chez l’enfant que l’évolution des capacités d’IM est étroitement associée au développement moteur lui-même (Adams, Lust, Wilson, & Steenbergen, 2014 ; Barhoun et al., 2019 ; Caeyenberghs, Wilson, Van Roon, Swinnen, & Smits-Engelsman, 2009 ; Puyjarinet et al., 2023 ; Smits-Engelsman & Wilson, 2013). Ainsi, plus les coordinations motrices évoluent sous les effets conjugués de l’âge et de la pratique, plus les capacités d’IM se développent en parallèle (Caeyenberghs et al., 2009 ; Williams, Thomas, & Maruff, 2008). Evaluer les capacités d’IM revient donc à évaluer, ne serait-ce qu’a minima, l’intégrité des coordinations motrices. Un autre constat important réside dans le fait que, d’un point de vue clinique, plus le niveau initial des coordinations motrices est faible, plus les patients tirent profit d’une rééducation basée sur l’utilisation de l’IM en tant que méthode thérapeutique et progressent de façon significative sur le plan moteur (e.g., Wilson et al., 2016). La question est donc de savoir si le clinicien peut envisager en priorité une rééducation axée sur la pratique de l’IM ou non, sur la base du niveau initial des coordinations motrices et des capacités d’IM d’un sujet donné. Compte tenu de la rareté des tests d’évaluation ciblant les capacités d’IM explicite et implicite chez l’enfant, la conception et la validation de tels outils deviennent incontournables. Les auteurs du rapport d’expertise collective de l’INSERM dans le cadre du TDC abondent dans ce sens : « Au regard des hypothèses prometteuses portant sur un déficit des modèles internes et de l’imagerie motrice, le groupe d’experts recommande de soutenir un travail de recherche développementale pour construire (puis étalonner et valider) des outils d’évaluation […] en s’inspirant de tests existant déjà pour l’adulte » (Rapport d’expertise INSERM, 2019, p. 81). Après avoir adapté et validé un questionnaire d’IM explicite (Puyjarinet et al., 2023), nous nous proposons de développer et d’étalonner un outil évaluant cette fois les capacités d’IM implicite.
4 Méthode
4.1 Participants
Le projet d’étalonnage du Test d’Imagerie Motrice Implicite 2nde version (TIMI-2) au sein d’une population développementale a fait l’objet d’une demande d’autorisation auprès d’un Comité de Protection des Personnes, avec avis favorable (CPP 2020/40, ID-RCB : 2020-A00827-32). La population d’étalonnage est constituée de 687 enfants (54 % de filles, âge moyen : 9,8 ans ± 1,9) issus d’écoles publiques et privées des régions Ile-de-France, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur, âgés de 7 ans 0 mois à 14 ans 11 mois. Les enfants inclus ne présentaient aucun problème médical ni pathologie connue (neurologique, neurodéveloppementale, psychiatrique) ou affection sensorielle. Les parents des enfants inclus ont donné leur accord via un formulaire de consentement éclairé. Par ailleurs, une notice relative à la description de l’étude a été transmise afin qu’enseignants, enfants et responsables légaux puissent en comprendre les objectifs principaux.
4.2 Matériel et procédure de standardisation
Le TIMI-2 est un nouvel outil d’évaluation directement issu du paradigme expérimental de jugement de latéralité manuelle, et qui fait suite au TIMI-1 (voir l’historique, l’intérêt et l’originalité du TIMI dans l’article consacré à sa première version dans Puyjarinet et al., 2020). Nous avons opté pour le développement d’une version numérique afin de tenter de créer un outil plus objectif, en augmentant – si possible – la précision des mesures temporelles associées aux réponses des sujets. Les origines du TIMI-2 remontent aux travaux de Shepard et Metzler (1971), puis à ceux de Cooper et Shepard (1975). Il s’agit d’un test de rotation mentale mettant en jeu une partie du corps. Le test consiste à juger le plus rapidement possible si chaque main présentée à l’écran est une main droite ou une main gauche. Pour réussir la tâche, les participants déplacent « le fantôme » de leurs mains (Cooper & Shepard, 1975, p. 48), autrement dit ils doivent simuler mentalement les mouvements de leurs mains et les « comparer » au stimulus affiché à l’écran avant de prendre une décision.
Les caractéristiques des stimuli et leur ordre de présentation sont strictement identiques à ceux du TIMI-1. Les stimuli sont présentés successivement selon deux présentations : palmaire ou dorsale, et selon six angles différents : 0°, 60°, 120°, 180°, 240° ou 300° (Puyjarinet et al., 2020). Pour répondre, le participant doit appuyer sur la flèche à l’écran correspondant à son choix : la flèche de droite s’il pense qu’il s’agit d’une main droite, ou la flèche de gauche dans le cas contraire (Fig. 1).
Sur l’écran d’accueil, l’examinateur peut s’il le souhaite enregistrer les informations relatives au participant : âge, sexe, latéralité usuelle, etc. Sur l’écran suivant, les consignes sont explicitées. Le participant ou l’examinateur peuvent les lire à haute voix. Les consignes doivent être suivies à la lettre, et reformulées au besoin, mais aucune autre information ne doit être donnée, excepté pour ce qui relève des frappes digitales (voir section suivante). L’examinateur est placé en face de l’enfant ou à côté. Il ne doit en aucun cas proposer explicitement à l’enfant d’effectuer une rotation mentale des mains. Une courte phase d’entraînement est proposée. Celle-ci peut être réitérée autant de fois que nécessaire jusqu’à ce que l’enfant comprenne parfaitement les consignes. En général, cette phase d’essais est présentée deux fois au maximum. Les mains du participant doivent être positionnées conformément à la Figure 2.
Puis la passation formelle débute. Le professionnel ne devra pas mentionner le nombre d’items (n = 48) à l’enfant, et s’assurera tout au long de la passation que l’enfant ne regarde que l’écran (et pas ses mains). Il s’assura également que l’enfant n’effectue pas de mouvement manuel quel qu’il soit. Si tel est le cas, l’examinateur répètera les consignes, et si le non-respect des règles persiste sur plus de trois items, la passation devra être stoppée. Après le 48e item, un écran (Fig. 3) affiche automatiquement les performances du sujet, dont les trois principales variables à examiner : le Score Total (nombre d’items correctement réussis, maximum : 48), le Temps de Réponse Moyen (somme des temps de réponse à chaque item ÷ 48), et la Performance Globale (somme des points calculés à partir du temps de réponse sur chaque item selon le barème suivant : 4 points si la réponse juste intervient entre 0 et 1,99 secondes, 3 points si la réponse juste intervient entre 2,00 et 2,99 secondes, 2 points si la réponse juste intervient entre 3,00 et 3,99 secondes, et 1 point à partir de 4,00 secondes
Enfin, à l’issue de la passation, l’adulte devra poser à l’enfant la question suivante : « Comment as-tu fait pour essayer de trouver les bonnes réponses à chaque fois ? » et noter la réponse par écrit. Cela permettra d’identifier la stratégie employée par l’enfant et de savoir s’il a effectivement utilisé l’IM ou une autre méthode (exemple : déterminer la latéralité d’un stimulus à partir du positionnement du pouce). Dans le cas où l’enfant n’utilise pas l’IM, aucune interprétation des résultats au TIMI-2 ne pourra évidemment être déduite. L’examinateur sera également attentif aux éventuels problèmes de comportement, de motivation ou d’engagement dans la tâche de la part de l’enfant. Le cas échéant, il devra consigner ses observations sur la feuille de passation (cf. Annexes), afin de juger de la pertinence des résultats finaux selon la question centrale : les résultats sont-ils interprétables ou pas ?
L’administration du TIMI-2 dure environ 6 à 10 minutes, explications comprises. Après chaque utilisation, l’examinateur devra fermer la page web du serveur qui héberge le TIMI-2 pour éviter tout problème d’ordre technique.
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Fig. 1 Présentation succincte des stimuli du TIMI-2, avec en bas à droite l’écran final qui permet de récupérer les données relatives aux performances du sujet. |
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Fig. 2 Positionnement des mains durant la passation du TIMI-2. Cette condition correspond à la standardisation du test auprès des enfants constituant l’échantillon de l’étalonnage, et devra être respectée pour chaque passation. |
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Fig. 3 Écran final apparaissant automatiquement après le 48e item. Seules les variables visibles dans l’encadré rouge seront utiles pour le clinicien qui souhaite situer un patient comparativement à sa tranche d’âge, la variable la plus pertinente au final étant la Performance Globale. |
4.3 Configuration technique requise et précautions d’utilisation
Le TIMI-2 fonctionne sur tablette tactile ou smartphone et est hébergé sur un serveur, ce qui implique de pouvoir bénéficier d’une connexion internet de qualité (au moins 8 Mb/s) pour éviter tout problème de délais ou d’enregistrement. Une connexion médiocre entraînera des délais d’enregistrement qui viendront biaiser les performances du sujet, et finalement altérer de manière rédhibitoire l’interprétation des résultats. Toute notification doit par ailleurs être bloquée pendant la passation du test, par exemple en paramétrant momentanément son smartphone sur le mode « Ne pas déranger » pour ne pas recevoir d’appel, de mail, ou de SMS qui pourraient compromettre l’enregistrement optimal des données, ou même déconcentrer le participant. Les appareils fonctionnant sous des versions antérieures à Android 11 (ou version 14.8.1 pour iOS et iPadOS) ne seront pas adaptés. En ce qui concerne l’écran de la tablette tactile ou du smartphone, celui-ci doit être suffisamment sensible pour que le moindre appui digital réalisé par le participant puisse être pris en compte. Les frappes digitales doivent être courtes, et ne doivent pas être dues à des glissements sur l’écran, à des appuis prolongés, ou gênées par l’ongle de l’index. L’examinateur sera particulièrement vigilant quant à ces éléments lors de la phase d’essais, et corrigera l’enfant au besoin avant le début formel du test en lui fournissant les informations verbales et non verbales ad hoc (répétition des consignes, démonstration, etc.).
5 Analyse des données
5.1 Effets de l’âge, du sexe et de la latéralité
Afin d’évaluer le caractère développemental de l’outil, et par ailleurs l’impact éventuel du sexe et de la latéralité, les trois principales variables issues du TIMI-2 ont fait successivement l’objet d’analyses de variance (ANOVA) factorielles intégrant les facteurs Âge, Sexe, et Latéralité en tant que facteurs inter-sujets. Les trois mesures du TIMI-2 ainsi analysées étaient :
le Score Total ;
le Temps de Réponse Moyen ;
la Performance Globale, nouvelle mesure qui n’était pas présente dans le TIMI-1.
Le détail du calcul pour chaque mesure est précisé plus haut dans la section « Matériel et procédure de standardisation ».
Lorsque le niveau de P était significatif, des tests post-hoc de Holm-Bonferroni avec des niveaux de P ajustés aux comparaisons multiples ont permis de préciser les différences entre les différents groupes d’âges.
Nous avons ensuite vérifié si les enfants répondaient au hasard ou non à l’aide d’un test binomial avec facteur dichotomique, pour lequel chaque réponse a 50 % de chance d’être choisie en théorie (probabilité = 0,50 pour chaque item). Les scores étaient considérés comme significativement supérieurs au niveau de chance lorsque le pourcentage de bonnes réponses se situait au-delà du seuil de 63 % (Spruijt et al., 2015).
5.2 Propriétés psychométriques du TIMI-2
Tout développement d’un nouvel outil d’évaluation doit s’accompagner d’une vérification de ses principales propriétés psychométriques (Laveault & Grégoire, 2023). Ainsi, sensibilité, cohérence interne, fidélité test-retest, validité de contenu, validité de critère, validités convergente et divergente ont été testées, en plus d’une validation pathologique.
La sensibilité, appelée aussi finesse discriminative et qui correspond au pouvoir discriminant d’un outil psychométrique, permet de vérifier sa capacité à différencier les performances des sujets (Bernaud, 2007). Celle-ci a été évaluée à l’aide du delta (δ) de Fergusson (Broc, Carlsberg, Cazauvieilh, Faury, & Loyal, 2016 ; Hankins, 2007, 2008), qui varie de 0 (absence totale de discrimination), à 1 (discrimination parfaite). La cohérence interne a été évaluée à l’aide du coefficient alpha (α) de Cronbach. La fidélité test-retest a été évaluée via un coefficient de corrélation intra-classe (ICC). La Performance Globale a été prise en compte pour ces analyses.
La validité de contenu a été testée, conformément à la procédure utilisée dans d’autres travaux (e.g., Spruijt et al., 2015 ; ter Horst, Van Lier, & Steenbergen, 2010), en comparant à l’aide de t-tests les temps de réponse sur les items dont les mains sont orientées à 0°, 60°, et 300° à ceux dont les stimuli étaient orientés à 120°, 180°, et 240°. La même procédure a ensuite été appliquée en prenant en compte le nombre de bonnes réponses (Score Total).
La validité de critère a été évaluée en testant des modèles de régression logistique sur un sous-échantillon de 78 participants (moyenne d’âge : 8,7 ans ± 1,2 ; 36 filles) afin de vérifier si les performances au TIMI-2 permettaient de prédire les performances en dextérité manuelle évaluées à la faveur d’un test dédié : le Purdue Pegboard (Béguet & Albaret, 1998). Pour chacune des quatre tâches du Purdue Pegboard (en tenant compte de la moyenne des trois essais sur chacune des tâches), les sujets ont été divisés en deux groupes sur la base de la médiane de leurs performances : ceux qui étaient les plus performants (sujets « Forts »), et ceux qui étaient les moins performants (sujets « Faibles »). Pour évaluer la validité convergente, un questionnaire d’évaluation des capacités d’IM validé – le QUIMOT (Puyjarinet et al., 2023) – a été administré à un sous-groupe de 42 enfants (moyenne d’âge : 9,3 ans ± 1,1 ; 24 filles) en plus du TIMI-2. Un test de corrélation a permis d’estimer le lien entre le score de Performance Globale au TIMI-2 et les résultats obtenus au QUIMOT. La validité divergente a été testée en utilisant l’épreuve des blocs de Corsi (Fournier & Albaret, 2013) comme mesure des capacités de mémoire de travail visuo-spatiale en tant que domaine cognitif supposément différent de l’IM, parallèlement à l’administration du TIMI-2 sur un sous-groupe de 45 enfants (moyenne d’âge : 9,1 ans ± 1,0 ; 28 filles). Le Tau de Kendall (τ) a été utilisé pour tester le degré (ou l’absence) d’association entre les mesures.
Une validation pathologique a été effectuée en administrant le TIMI-2 à 59 enfants (moyenne d’âge : 9,1 ans ± 1,5 ; 29 filles) dissociés en deux groupes : un groupe de sujets (n = 28) diagnostiqués avec un TDC selon les critères du DSM-5 (American Psychiatric Association, 2013), et un groupe de sujets normo-typiques (n = 31) appariés en âge et en sexe (P > 0,41). Des tests de comparaison ont ensuite été appliqués pour vérifier les éventuelles différences de performances entre les deux groupes.
Afin de comparer les résultats obtenus au TIMI-2 sur tablette tactile et sur smartphone, les performances de 486 participants (moyenne d’âge : 9,0 ans ± 1,3 ; 268 filles) appariés en âge et en sexe (t-tests : P > 0,54) ont été comparées en les distinguant selon l’appareil utilisé au cours de la passation du TIMI-2 : tablettes tactiles (n = 187) ou smartphones (n = 299). Des tests de comparaison ont là aussi été appliqués afin de vérifier d’éventuelles différences.
Enfin, nous avons vérifié si les performances au TIMI-2 différaient de celles du TIMI-1 en comparant à l’aide d’un t-test les performances obtenues par un groupe d’enfants au TIMI-1 (n = 232) à celles d’un groupe d’enfants ayant passé le TIMI-2 (n = 281), appariés en âge et en sexe (t-tests : P > 0,91).
Toutes les conditions d’application des différentes procédures statistiques utilisées ont été vérifiées (e.g., normalité via le test de Shapiro-Wilk, test de Levene pour l’homogénéité des variances, etc.) et ont conditionné l’utilisation de tests paramétriques ou non paramétriques. Pour les ANOVA, lorsque la condition d’homogénéité des variances n’était pas rencontrée, des transformations non-linéaires (e.g., transformation logarithmique, ou élévation au cube) ont permis d’obtenir des variances homogènes (tests de Levene > 0,05). Des ANOVA paramétriques ont donc été appliquées dans tous les cas, y compris en cas de violation de la normalité, compte tenu de la robustesse des ANOVA dans ce type de situations (Blanca, Alarcón, Arnau, Bono, & Bendayan, 2017 ; Schmider, Ziegler, Danay, Beyer, & Markus Bühner, 2010). Pour les tests de comparaison (t-tests), la correction de Welch a été appliquée en cas d’hétéroscédasticité observée entre les deux groupes comparés. Les analyses statistiques ont été réalisées avec les logiciels JASP (JASP TEAM, 2016) et R (R Core Team, 2024). Pour l’ensemble des résultats, le seuil de significativité a été fixé à α < 0,05.
6 Résultats
Les données descriptives apparaissent dans le Tableau 1 pour la répartition des sujets selon les tranches d’âge, dans le Tableau 2 pour la répartition des catégories socio-professionnelles des parents, et dans les Tableaux 3, 4 et 5 pour ce qui est des données descriptives des trois principales variables prises en compte pour les analyses statistiques.
Répartition des enfants de l’échantillon.
Répartition selon les catégories socio-professionnelles des parents.
Données descriptives pour le Score Total en fonction de l’âge. NB : les enfants de 10 ans, 11 ans et 12 ans sont regroupés au sein d’une même tranche d’âge compte tenu de l’absence de différence statistiquement significative observée sur plusieurs variables reflétant le niveau des capacités d’IM.
Données descriptives pour le Temps de Réponse Moyen en fonction de l’âge. NB : les enfants de 10 ans, 11 ans et 12 ans sont regroupés au sein d’une même tranche d’âge compte tenu de l’absence de différence statistiquement significative observée sur plusieurs variables reflétant le niveau des capacités d’IM.
Données descriptives pour la Performance Globale en fonction de l’âge. NB : les enfants de 10 ans, 11 ans et 12 ans sont regroupés au sein d’une même tranche d’âge compte tenu de l’absence de différence statistiquement significative observée sur plusieurs variables reflétant le niveau des capacités d’IM.
6.1 Effets de l’âge, du sexe et de la latéralité, et résultats des tests binomiaux
Des ANOVA factorielles ont été utilisées afin d’évaluer l’impact éventuel de l’âge, du sexe et de la latéralité sur chacune des trois variables principales extraites du TIMI-2 : le Score Total, le Temps de Réponse Moyen, et la Performance Globale.
6.1.1 Score Total
L’ANOVA montre un effet principal du facteur Âge sur le Score Total [F(5,651) = 24,87 ; P < 0,001 ; ŋp2 = 0,16]. Les analyses a posteriori révèlent des différences significatives entre 7 ans et chacune des autres tranches d’âge (P < 0,01), et entre 8 ans et 10-11-12 ans, 8 et 13 ans, et 8 et 14 ans (tous les P < 0,05). Aucune autre différence n’est observée entre les autres tranches d’âges (P > 0,24). L’ANOVA ne met pas en évidence d’effet principal du facteur Sexe [F(1,651) = 1,50 ; P = 0,22 ; ŋp2 = 0,001], ni du facteur Latéralité [F(2,651) = 1,80 ; P = 0,16 ; ŋp2 = 0,002]. Les interactions Sexe x Latéralité [F(2,651) = 2,61 ; P = 0,07 ; ŋp2 = 0,003], Sexe x Âge [F(5,651) = 2,08 ; P = 0,06 ; ŋp2 = 0,011], Âge x Latéralité [F(10,651) = 0,67 ; P = 0,75 ; ŋp2 = 0,019], et Âge x Sexe x Latéralité [F(9,651) = 1,04 ; P = 0,40 ; ŋp2 = 0,017] ne sont pas significatives non plus.
Les résultats des tests binomiaux – permettant d’estimer si les sujets ont répondu ou non au hasard – montrent que les enfants de 7 ans ont répondu au-dessus du niveau du hasard, [68,7 % de probabilité de bonnes réponses ; P < 0,05 ; IC à 95 % : (53,7 % ; 81,3 %)], tout comme les enfants de 8 ans [77,1 % de probabilité de bonnes réponses ; P < 0,001 ; IC à 95 % : (62,6 % ; 87,9 %)], les enfants de 9 ans [83,3 % de probabilité de bonnes réponses ; P < 0,0001 ; IC à 95 % : (69,7 % ; 92,5 %)], les enfants de 10-11-12 ans, ceux de 13 ans [87,5 % de probabilité de bonnes réponses ; P < 0,0001 ; IC à 95 % : (74,7 % ; 95,2 %)], et enfin ceux de 14 ans [89,5 % de probabilité de bonnes réponses ; P < 0,0001 ; IC à 95 % : (77,3 % ; 96,5 %)].
6.1.2 Temps de Réponse Moyen
Les résultats indiquent que le facteur Âge impacte de façon significative le Temps de Réponse Moyen [F(5,651) = 44,25 ; P < 0,001 ; ŋp2 = 0,25]. Les analyses a posteriori révèlent des différences significatives entre chacune des tranches d’âges (P < 0,01), excepté pour la comparaison entre les tranches d’âges de 7 et 8 ans d’une part, et de 8 et 9 ans d’autre part (P > 0,09). Aucun effet principal significatif des facteurs Sexe [F(1,651) = 0,83 ; P = 0,36 ; ŋp2 = 0,000], et Latéralité [F(2,651) = 0,78 ; P = 0,45 ; ŋp2 = 0,004] n’est observé. Aucun effet n’est décelé non plus au niveau des interactions Sexe x Latéralité [F(2,651) = 1,65 ; P = 0,19 ; ŋp2 = 0,003], Sexe x Âge [F(5,651) = 0,61 ; P = 0,69 ; ŋp2 = 0,004], Âge x Latéralité [F(10,651) = 0,68 ; P = 0,74 ; ŋp2 = 0,01], et Âge x Sexe x Latéralité [F(9,651) = 0,50 ; P = 0,87 ; ŋp2 = 0,008].
6.1.3 Performance Globale
Le facteur Âge a un impact significatif sur la Performance Globale [F(5,651) = 82,98 ; P < 0,001 ; ŋp2 = 0,38]. Les analyses a posteriori mettent en avant des différences de performances entre chacune des tranches d’âge (P < 0,001). L’interaction Sexe x Latéralité n’est pas significative [F(2,651) = 3,11 ; P = 0,05 ; ŋp2 = 0,01]. Les facteurs Latéralité [F(2,651) = 0,27 ; P = 0,76 ; ŋp2 = 0,001], Sexe [F(1,651) = 0,14 ; P = 0,70 ; ŋp2 = 0,000], et les interactions, Sexe x Âge [F(5,651) = 0,56 ; P = 0,72 ; ŋp2 = 0,003], Âge x Latéralité [F(10, 651) = 0,30 ; P = 0,98 ; ŋp2 = 0,015], et Âge x Sexe x Latéralité [F(9,651) = 0,91 ; P = 0,51 ; ŋp2 = 0,015] n’influencent pas la Performance Globale. Les résultats des sujets de l’échantillon pour chaque tranche d’âge et chacune des trois variables du TIMI-2 (i.e., Score Total, Temps de Réponse Moyen et Performance Globale) apparaissent dans la Figure 4.
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Fig. 4 Répartitions des performances pour chaque tranche d’âge sur chacune des trois principales variables du TIMI-2 (variables non transformées). |
6.2 Propriétés psychométriques
6.2.1 Sensibilité
Les δ de Fergusson indique que le TIMI-2 discrimine de manière quasi-optimale les sujets entre eux pour ce qui concerne la Performance Globale (δ = 0,99), ce qui indique dans tous les cas que le test détecte très efficacement les différences de performance les plus infimes entre les participants.
6.2.2 Cohérence interne
La cohérence interne a été évaluée à l’aide du coefficient alpha (α) de Cronbach en tenant compte de la Performance Globale, et se révèle très satisfaisante [α = 0,93 ; IC à 95 % : (0,92 ; 0,94)]. L’homogénéité interne a été testée à l’aide d’un coefficient de corrélation intra-classe (ICC) en distinguant les scores obtenus sur les items pairs (n = 24) des scores obtenus sur les items impairs (n = 24), et se révèle également très satisfaisante [ICC = 0,87 ; P < 0,001 ; IC à 95 % : (0,83 ; 0,90)].
6.2.3 Fidélité test-retest
Un sous-groupe de 22 sujets (moyenne d’âge : 10,1 ans ± 1,8 ; 10 filles) a bénéficié d’une seconde passation du TIMI-2 dans un délai compris entre 2 heures et vingt-et-un jours après la première administration. Le coefficient de corrélation intra-classe (ICC) indique, selon Cicchetti (1994) et Shrout (1998) une fidélité test-retest particulièrement satisfaisante [ICC = 0,94 ; IC à 95 % : (0,93 ; 0,96)].
6.2.4 Validité de contenu
Nous avons comparé les temps de réponse, puis le nombre de bonnes réponses sur les items dont les mains sont orientées à 0°, 60°, et 300° à ceux dont les stimuli étaient orientés à 120°, 180°, et 240°. Le résultat du test de comparaison non paramétrique indique clairement que le temps de réponse est supérieur lorsque les stimuli non conformes aux caractéristiques biomécaniques apparaissent à l’écran [P < 0.001 ; Corrélation bisérielle de rang = −0,37 ; IC à 95 % : (−0,34 ; −0,40)]. De manière analogue, une différence est détectée concernant le nombre de bonnes réponses, qui est plus faible pour les items non congruents sur le plan biomécanique [P < 0,001 ; Corrélation bisérielle de rang = −0,37 ; IC à 95 % : (0,10 ; 0,21)].
6.2.5 Validité de critère
Les résultats des modèles de régression montrent que les performances au TIMI-2 (évaluées via le score de Performance Globale) prédisent les performances au Purdue Pegboard pour la tâche réalisée avec la main dominante (P < 0,01 ; X2 = 8,46 ; Nagelkerke R2 = 0,13 ; AIC = 102,38), pour la tâche réalisée avec la main non dominante (P < 0,001 ; X2 = 13,52 ; Nagelkerke R2 = 0,21 ; AIC = 97,79), pour la tâche des mettant en jeu les deux mains simultanées (P < 0,01 ; X2 = 8,45 ; Nagelkerke R2 = 0,13 ; AIC = 102,85), et également pour la tâche d’assemblage (P < 0,001 ; X2 = 11,36 ; Nagelkerke R2 = 0,18 ; AIC = 100,77) (Fig. 5).
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Fig. 5 Résultats des modèles de régression logistique : courbes de probabilité associées à l’appartenance au groupe (sujets « Forts » versus sujets « Faibles »). L’axe des ordonnées indique la probabilité d’appartenir à l’un ou à l’autre de ces groupes pour chacune des quatre tâches du Purdue Pegboard : la tâche de la main dominante (panel A), la tâche de main non dominante (panel B), l’épreuve des deux mains simultanées (panel C), et l’épreuve d’assemblage (panel D). L’axe des abscisses indique pour chaque panel le score de Performance Globale au TIMI-2 pour tous les sujets (n = 78). Les zones grises correspondent aux intervalles de confiance à 95 %. |
6.2.6 Validité convergente
Lorsqu’elle est vérifiée, cette forme de validité reflète le fait que deux outils distincts mais évaluant le même concept sont corrélés. Le résultat du test de corrélation non paramétrique indique que le score de Performance Globale au TIMI-2 est significativement corrélé à l’index de performance obtenu sur le QUIMOT (rho = −0,43 ; P = 0,001).
6.2.7 Validité divergente
Cette forme de validité permet de vérifier l’absence – ou le faible degré – d’association entre deux mesures conçues pour des construits différents. Aucune corrélation n’a été retrouvée entre le score de Performance Globale au TIMI-2 et les performances brutes ou normalisées aux blocs de Corsi (tous les P > 0,23).
6.2.8 Validation pathologique
Les résultats des tests de comparaison indiquent que les sujets TDC ont de moins bonnes performances sur chacune des trois variables extraites du TIMI-2 (Fig. 6) : Score Total (W = 677,50 ; P < 0,001 ; Corrélation bisérielle de rang = 0,56), Temps de Réponse Moyen [t (57) = −3,13 ; P < 0,01 ; d = −0,81], et Performance Globale [(t (45,64) = 5,12 ; P < 0,001 ; d = 1,31]. Ces différences sont importantes, puisque les tailles d’effet s’échelonnent entre un niveau modéré pour le Score Total et un niveau considéré comme important pour le Temps de Réponse Moyen et la Performance Globale.
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Fig. 6 Résultats des tests de comparaison entre le groupe de sujets normo-typiques (n = 31) et le groupe de sujets TDC (n = 28) vis-à-vis des performances au TIMI-2. Pour chacune des trois variables, les enfants avec TDC obtiennent des performances plus dégradées que les sujets normo-typiques, avec des tailles d’effet modérées à élevées, voire une taille d’effet très élevée pour la Performance Globale. |
6.2.9 Comparaison tablettes tactiles versus smartphones
Les résultats montrent que, quelle que soit la variable prise en compte (Score Total, Temps de Réponse Moyen, ou Performance Globale), aucune différence n’apparaît entre les deux groupes d’enfants (tous les P > 0,12). Le TIMI-2 peut donc être utilisé indifféremment avec une tablette tactile ou un smartphone.
6.2.10 Comparaison TIMI-1 versus TIMI-2
Les résultats montrent que les enfants du groupe TIMI-2 obtiennent un Score Total supérieur en moyenne à ceux du groupe TIMI-1 (P < 0,001 ; corrélation bisérielle de rang = −0,19), et un Temps de Réponse Moyen plus élevé (P < 0,001 ; corrélation bisérielle de rang = −0,68).
7 Discussion
L’objectif principal de cette étude était d’adapter en format numérique une tâche utilisée régulièrement en laboratoire dans le domaine de l’évaluation de l’IM implicite. Le second objectif était de tester les propriétés psychométriques du test ainsi créé.
À la lumière des résultats obtenus sur les ANOVA, il apparaît nettement que le TIMI-2 discrimine des différences de performances en fonction de l’âge des participants, particulièrement pour ce qui concerne le score de Performance Globale. Celui-ci apparaît de fait comme la variable la plus sensible du TIMI-2. Les résultats des tests binomiaux indiquent quant à eux que les enfants – même les plus jeunes – ne répondent pas au hasard, et que la probabilité de répondre correctement augmente avec l’âge. L’outil présente donc un intérêt évident sur le plan développemental, et confirme une nouvelle fois que les capacités d’IM implicite émergent autour de 7 ans, et se développent parallèlement à l’avancée en âge (Smits-Engelsman & Wilson, 2013 ; Spruijt et al., 2015). Globalement, la latéralité et le sexe n’ont en revanche aucun impact sur les trois variables étudiées (excepté pour ce qui est de la Performance Globale où le résultat est quasiment significatif), ce qui avait déjà été observé dans le cadre de l’étalonnage du TIMI-1 (Puyjarinet et al., 2020).
Concernant les données psychométriques, il apparaît que la sensibilité est très élevée, et que le test discrimine ainsi de manière particulièrement satisfaisante les sujets lorsque l’on prend en compte la Performance Globale. La cohérence interne est également élevée, tout comme la fidélité test-retest, ce qui autorise une réévaluation d’un sujet à court terme (dans un délai inférieur à un mois si nécessaire) sans compromettre les résultats (absence d’effet d’apprentissage). Les mesures de fidélité sont donc globalement très satisfaisantes.
Concernant l’étude de validité de contenu, nous avons procédé de la même façon que pour d’autres travaux qui ont montré que les performances des participants sur les épreuves de rotation mentale – similaires au TIMI-2 – se dégradent significativement lorsque les mains-stimuli sont présentées de manière incongrue sur le plan biomécanique (i.e., avec une orientation à 120°, 180°, et 240°). Lorsque les stimuli sont orientés à 0°, 60°, et 300°, les performances en IM sont meilleures, ce qui est conforme aux données existantes (Spruijt et al., 2015 ; ter Horst et al., 2010). Il est admis que ces différences de performance sont considérées comme la signature de l’utilisation de l’IM, et ne sont pas retrouvées lorsqu’une stratégie autre que l’IM est utilisée pour résoudre la tâche (Parsons, 1994 ; Shenton, Schwoebel, & Coslett, 2004 ; Sirigu & Duhamel, 2001 ; Spruijt et al., 2015 ; ter Horst et al., 2010). Ces résultats attestent que les enfants ont bien utilisé leurs capacités d’IM implicite, et que le TIMI-2 mesure bien ce qu’il est censé mesurer.
L’étude de validité de critère met en évidence un lien très étroit entre les performances au TIMI-2 et le niveau de dextérité digitale et manuelle évaluée à la faveur d’un test dédié et validé (le Purdue Pegboard, Béguet & Albaret, 1998). Ces résultats sont analogues à ceux obtenus sur l’étude de validité de critère du TIMI-1 vis-à-vis du subtest « dextérité manuelle » du M-ABC 2 (Marquet-Doléac, Soppelsa, & Albaret, 2016 ; Puyjarinet et al., 2020). Ces résultats sont également consistants avec ceux de travaux antérieurs qui attestent que l’évolution des capacités d’IM est étroitement associée au développement des coordinations motrices en conditions réelles (Caeyenberghs et al., 2009 ; Smits-Engelsman & Wilson, 2013).
Concernant la validité convergente, les résultats indiquent que les performances sur les deux outils utilisés (TIMI-2 et QUIMOT) sont liées. Au regard de la taille de l’effet observé, cette relation peut toutefois être considérée comme modérée (Cohen, 1988). Ils n’évaluent donc très probablement pas les mêmes dimensions de l’IM, le TIMI-2 étant un test d’IM implicite qui sollicite un codage visuel des stimuli, alors que le QUIMOT évalue explicitement l’IM via un codage interne des réponses.
De manière intéressante, il apparaît que les résultats de l’étude de validité divergente sont similaires en tous points à ceux de l’étude menée sur le TIMI-1 (Puyjarinet et al., 2020). Ils montrent que les deux tests administrés – TIMI-2 et blocs de Corsi – n’évaluent pas les mêmes processus cognitifs : IM implicite pour l’un, et mémoire de travail visuo-spatiale pour l’autre. Ce constat est compatible avec les données pléthoriques issues des travaux en neuropsychologie qui montrent que les processus cérébraux sont organisés en modules, lesquels peuvent être indépendants les uns des autres (e.g., Reed & Warner-Rogers, 2008).
Au sujet de l’étude de validation pathologique, les résultats montrent clairement que le TIMI-2 permet de différencier des enfants porteurs de TDC d’autres qui en sont exempts. Plusieurs travaux utilisant ce même paradigme expérimental avaient rapporté des résultats identiques, tant chez l’enfant que chez l’adulte (voir Barhoun et al., 2019, et Barhoun et al., 2021 pour des méta-analyses). Il est à noter toutefois que tous les sujets avec TDC ne semblent pas en difficulté sur le TIMI-2 (voir Fig. 6). Plusieurs enfants se montrent en effet au moins aussi performants que leurs pairs normo-typiques. Par conséquent, le TIMI-2 paraît particulièrement pertinent pour affiner un diagnostic TDC. Car au-delà des caractéristiques cliniques qui contribuent fondamentalement au diagnostic de ce trouble neurodéveloppemental fréquent (American Psychiatric Association, 2013), il devient essentiel de caractériser les profils neuropsychologiques sous-jacents. L’objectif est ici en filigrane de tenir compte de la grande hétérogénéité inter-individuelle observée dans ce trouble, et de pouvoir construire des projets de soins individualisés dépendant des particularités cognitives de chacun (Adams et al., 2014 ; Barhoun et al., 2019 ; Blank et al., 2019).
La comparaison entre le TIMI-1 et le TIMI-2 indique que les deux outils diffèrent sur les variables étudiées. Pour ce qui concerne le Temps de Réponse Moyen, les différences observées sont très probablement liées aux conditions d’enregistrement des réponses des deux outils qui ne sont pas identiques : enregistrement manuel par l’examinateur via l’observation de l’enfant d’un côté (TIMI-1) versus enregistrement automatique par la tablette de l’autre (TIMI-2). Cette dernière modalité d’enregistrement paraît forcément plus objective et précise. Quant au Score Total plus élevé observé sur le TIMI-2, une des hypothèses explicatives serait associée au matériel utilisé, plus ludique pour le TIMI-2 que pour le TIMI-1, et probablement plus engageant sur le plan motivationnel et attentionnel. Quoi qu’il en soit, ces résultats montrent sans ambiguïté que les utilisateurs du TIMI-2 ne devraient pas utiliser les normes relatives au TIMI-1, et vice versa.
7.1 Repères normatifs
Les données relatives au Score Total et au Temps de Réponse Moyen ne se distribuent pas selon une loi normale (tests de Shapiro-Wilk : P < 0.05). Pour ces deux variables, les utilisateurs du TIMI-2 se réfèreront aux quartiles afin de situer un sujet par rapport à sa tranche d’âges (Tab. 3 et 4). En revanche, pour ce qui relève de la Performance Globale, qui constitue le véritable reflet des capacités d’IM compte tenu de la sensibilité de cette variable à l’âge, les utilisateurs du TIMI-2 devront prendre en compte les moyennes et écarts-type du Tableau 5, en appliquant la formule classique [(résultat du sujet − moyenne de la tranche d’âge considérée) ÷ écart-type de la tranche d’âge considérée] afin de situer un sujet vis-à-vis de la norme.
7.2 Limites
Une des limites de ce travail réside dans le nombre relativement réduit de sujets constituant les tranches d’âge 13 et 14 ans. Néanmoins, le nombre de sujets restreint ne semble pas problématique en tant que tel. En effet, des différences statistiquement significatives sont observées entre ces tranches d’âges et les autres, avec des mesures de dispersion (écart-type) qui sont soit comparables entre 10-11-12 ans et 13 ans, soit plus homogènes (notamment pour les 14 ans comparativement à d’autres tranches d’âges). Ceci est compatible avec les données de la littérature qui montrent une amélioration des performances et un resserrement de la variabilité qui s’accentuent avec l’âge (e.g., Spruijt et al., 2015). La fiabilité des résultats obtenus ne paraît donc pas compromise de manière fondamentale. Par ailleurs, concernant l’étude de fidélité test-retest, il serait pertinent d’inclure plus d’enfants d’âges différents afin d’affiner les résultats à ce niveau. Enfin, des travaux supplémentaires s’avèreraient nécessaires pour valider d’autres dimensions du TIMI-2, notamment au sein de diverses populations pathologiques (e.g., patients avec paralysies cérébrales, sujets avec troubles du spectre de l’autisme sans déficit intellectuel, etc.).
8 Conclusions
Tout comme le TIMI-1 avant lui (Puyjarinet et al., 2020), et plus récemment le QUIMOT (Puyjarinet et al., 2023), le TIMI-2 vient combler un manque d’outils d’évaluation ciblant les capacités d’IM, et plus précisément les capacités d’IM implicite. Le TIMI-2 s’adresse à des enfants âgés de 7 ans 0 mois à 14 ans et 11 mois, et sera particulièrement pertinent à utiliser chez des sujets porteurs ou suspectés de TDC. En cas de mise en évidence d’un déficit d’IM implicite, il permettra aux cliniciens de déclencher éventuellement une prise en charge prioritairement basée sur l’utilisation de l’IM en tant que technique de soin (e.g., Scott et al., 2021 ; Wilson et al., 2016). Doté d’excellentes propriétés psychométriques, le TIMI-2 pourra être facilement utilisé au cours d’un bilan psychomoteur, neuropsychologique ou de kinésithérapie notamment, à la faveur de sa rapidité d’administration (6 à 10 minutes). Il est à noter que l’évaluation fine des capacités d’IM dans leurs différentes dimensions impose d’utiliser plusieurs outils (e.g., tests de capacités d’IM explicite). À ce titre, les démarches de conception et de validation d’autres outils d’évaluation des capacités d’IM doivent être poursuivies au sein de populations développementales et adultes françaises (Expertise INSERM, 2019).
Certaines conditions sont requises pour une utilisation adéquate du TIMI-2, comme le fait de bénéficier d’une excellente connexion internet, et de désactiver les notifications du smartphone ou de la tablette qui héberge le test. L’utilisation du test sera pertinente dans des études expérimentales en lien avec le domaine de l’IM chez l’enfant. D’un point de vue clinique, la conception et la mise à disposition gratuite du TIMI-2 s’inscrivent dans une volonté plus large associée au fait de poursuivre les démarches d’étalonnage de tests psychomoteurs. Ce processus contribue à maintenir vivante l’activité de recherche en psychomotricité, et à actualiser le plus régulièrement possible l’arsenal évaluatif des cliniciens, en s’appuyant sur les nouvelles technologies, à l’instar du travail proposé par d’autres équipes (ex. : Thorsson et al., 2023).
Remerciements
Les auteurs remercient très chaleureusement les personnes ayant participé à l’étalonnage du TIMI-2 ou aux procédures de validation auprès des enfants, et sans qui les normes correspondantes n’auraient pas pu être publiées : Julie Brémont, Agathe Cantaloube, Pauline Clair, Alyson Coquatrix, Delphine Farenc, Juliette Girardeau, Elodie Grisoni, Mathilde Humbey, Fanny Kappler, Clothilde Le Galle, Mélanie Navarro, Coralie Saint-Ubéry et Sophie Suinot.
Financement
Ce travail a été réalisé avec le soutien financier de la Fondation pour la Recherche en Psychomotricité et Maladie de Civilisation.
Déclaration de disponibilité des données
Le TIMI-2 est disponible gratuitement pour un fonctionnement sur smartphones et tablettes tactiles. Les professionnels désireux d’utiliser le test sont invités à envoyer un mail au premier auteur (f.puyjarinet@hotmail.fr), qui transmettra un lien permanent pour une utilisation sur un nombre illimité de participants.
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Le TDC est un trouble neurodéveloppemental caractérisé par des difficultés importantes et persistantes dans les productions motrices entraînant une gêne dans les activités de la vie quotidienne (hygiène, repas, etc.), scolaires (écriture, dessin, géométrie, double-tâche) ou encore de loisirs. Même si la maladresse et la lenteur motrices sont, par nature, très souvent au premier plan, une symptomatologie psycho-affective y est souvent associée, ce qui en fait l’exemple typique de ce qu’est un trouble psychomoteur (Corraze, 1999). La prévalence est estimée à 5–6 % des enfants d’âge scolaire. La comorbidité est fréquente en regard d’autres troubles du neurodéveloppement comme le déficit d’attention/hyperactivité ou les troubles spécifiques des apprentissages (Expertise Collective INSERM, 2019).
Citation de l’article : Puyjarinet F, Connan J-F, Nesensohn J, Soppelsa R, & Seilles A (2025) Étalonnage du Test d’Imagerie Motrice Implicite 2e version sur une population développementale française : le TIMI-2. Mov Sport Sci/Sci Mot, https://doi.org/10.1051/sm/2024027
Annexe
TIMI 2 : Test d’Imagerie Motrice Implicite 2nde version
Auteurs : Frédéric Puyjarinet, Jean-François Connan, Jessica Nesensohn, Régis Soppelsa, Antoine Seilles
NOM : ................................ | Date de l’évaluation : ...../...../..................... |
PRÉNOM : ............................... | Score Total : Quartile : ..................... |
Date de naissance : ...../...../..................... | Temps de Réponse Moyen : Quartile* : ...... |
Âge : ................................. | |
Latéralité : ............................. | Performance globale (DS) : .................................... |
* Pour le Temps de Réponse Moyen seulement : le Quartile 3 constitue le seuil considéré comme problématique.
Tableau 1 Résultats pour le Score Total en fonction de l’âge.
Score Total | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|
Tranches d’âge | 7 ans | 8 ans | 9 ans | 10-11-12 ans | 13 ans | 14 ans |
Moyenne | 33,06 | 37,26 | 40,17 | 41,00 | 41,75 | 43,14 |
Médiane | 33,00 | 40,00 | 42,00 | 43,00 | 43,00 | 43,00 |
Écart-type | 8,01 | 8,51 | 6,46 | 6,63 | 5,33 | 3,72 |
Erreur standard de la moyenne | 0,70 | 0,77 | 0,56 | 0,43 | 0,83 | 0,71 |
Minimum | 18,00 | 14,00 | 20,00 | 19,00 | 25,00 | 32,00 |
Maximum | 48,00 | 48,00 | 48,00 | 48,00 | 48,00 | 48,00 |
Quartile 1 | 25,25 | 30,25 | 37,00 | 37,75 | 41,00 | 41,50 |
Quartile 3 | 40,00 | 44,00 | 45,00 | 46,00 | 45,00 | 46,00 |
Tableau 2 Résultats pour le Temps de Réponse Moyen en fonction de l’âge.
Temps de Réponse Moyen (s) | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|
Tranches d’âge | 7 ans | 8 ans | 9 ans | 10-11-12 ans | 13 ans | 14 ans |
Moyenne | 4,71 | 4,22 | 4,00 | 3,35 | 2,67 | 2,13 |
Médiane | 4,41 | 4,07 | 3,71 | 3,24 | 2,47 | 2,05 |
Écart-type | 1,68 | 1,64 | 1,31 | 1,05 | 0,87 | 0,47 |
Erreur standard de la moyenne | 0,14 | 0,14 | 0,11 | 0,06 | 0,13 | 0,09 |
Minimum | 1,22 | 1,89 | 2,12 | 1,21 | 1,39 | 1,24 |
Maximum | 9,61 | 9,58 | 8,16 | 8,17 | 5,43 | 3,07 |
Quartile 1 | 3,60 | 3,22 | 2,97 | 2,53 | 2,03 | 1,79 |
Quartile 3 | 5,42 | 5,40 | 4,68 | 3,97 | 3,25 | 2,32 |
Tableau 3 Résultats pour la Performance Globale en fonction de l’âge.
Performance Globale | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|
Tranches d’âge | 7 ans | 8 ans | 9 ans | 10-11-12 ans | 13 ans | 14 ans |
Moyenne | 63,77 | 78,01 | 89,36 | 104,09 | 125,75 | 148,00 |
Médiane | 62,00 | 77,00 | 84,00 | 102,00 | 127,00 | 147,00 |
Écart-type | 19,34 | 27,14 | 27,28 | 28,01 | 30,15 | 17,96 |
Erreur standard de la moyenne | 1,69 | 2,45 | 2,39 | 1,82 | 4,71 | 3,45 |
Minimum | 24,00 | 26,00 | 35,00 | 43,00 | 73,00 | 100,00 |
Maximum | 118,00 | 150,00 | 152,00 | 175,00 | 179,00 | 179,00 |
Quartile 1 | 51,00 | 56,25 | 69,00 | 85,00 | 99,00 | 138,50 |
Quartile 3 | 74,00 | 94,75 | 111,75 | 123,00 | 152,00 | 159,50 |
Observations durant la passation :
Le sujet a-t-il utilisé une stratégie de résolution basée sur l’imagerie motrice ? OUI – NON
* Si non : ne pas interpréter les résultats de l’enfant sur la base des normes du TIMI-2.
Liste des tableaux
Données descriptives pour le Score Total en fonction de l’âge. NB : les enfants de 10 ans, 11 ans et 12 ans sont regroupés au sein d’une même tranche d’âge compte tenu de l’absence de différence statistiquement significative observée sur plusieurs variables reflétant le niveau des capacités d’IM.
Données descriptives pour le Temps de Réponse Moyen en fonction de l’âge. NB : les enfants de 10 ans, 11 ans et 12 ans sont regroupés au sein d’une même tranche d’âge compte tenu de l’absence de différence statistiquement significative observée sur plusieurs variables reflétant le niveau des capacités d’IM.
Données descriptives pour la Performance Globale en fonction de l’âge. NB : les enfants de 10 ans, 11 ans et 12 ans sont regroupés au sein d’une même tranche d’âge compte tenu de l’absence de différence statistiquement significative observée sur plusieurs variables reflétant le niveau des capacités d’IM.
Liste des figures
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Fig. 1 Présentation succincte des stimuli du TIMI-2, avec en bas à droite l’écran final qui permet de récupérer les données relatives aux performances du sujet. |
Dans le texte |
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Fig. 2 Positionnement des mains durant la passation du TIMI-2. Cette condition correspond à la standardisation du test auprès des enfants constituant l’échantillon de l’étalonnage, et devra être respectée pour chaque passation. |
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Fig. 3 Écran final apparaissant automatiquement après le 48e item. Seules les variables visibles dans l’encadré rouge seront utiles pour le clinicien qui souhaite situer un patient comparativement à sa tranche d’âge, la variable la plus pertinente au final étant la Performance Globale. |
Dans le texte |
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Fig. 4 Répartitions des performances pour chaque tranche d’âge sur chacune des trois principales variables du TIMI-2 (variables non transformées). |
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Fig. 5 Résultats des modèles de régression logistique : courbes de probabilité associées à l’appartenance au groupe (sujets « Forts » versus sujets « Faibles »). L’axe des ordonnées indique la probabilité d’appartenir à l’un ou à l’autre de ces groupes pour chacune des quatre tâches du Purdue Pegboard : la tâche de la main dominante (panel A), la tâche de main non dominante (panel B), l’épreuve des deux mains simultanées (panel C), et l’épreuve d’assemblage (panel D). L’axe des abscisses indique pour chaque panel le score de Performance Globale au TIMI-2 pour tous les sujets (n = 78). Les zones grises correspondent aux intervalles de confiance à 95 %. |
Dans le texte |
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Fig. 6 Résultats des tests de comparaison entre le groupe de sujets normo-typiques (n = 31) et le groupe de sujets TDC (n = 28) vis-à-vis des performances au TIMI-2. Pour chacune des trois variables, les enfants avec TDC obtiennent des performances plus dégradées que les sujets normo-typiques, avec des tailles d’effet modérées à élevées, voire une taille d’effet très élevée pour la Performance Globale. |
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