L’épaule du lanceur : quel équilibre musculaire pour une meilleure performance et la prévention des blessures ?

Throwe’s shoulder: what muscle balance for a better performance and injury prevention?

¹ Unitéde médecine du sport du service de physiologie clinique et de l’exercice, hôpital Bellevue, CHU de Saint-Étienne, boulevard Pasteur, 42055 Saint-Étienne Cedex 2, France
² Service de médecine physique et de réadaptation, hôpital de Bellevue, CHU de Saint-Étienne, boulevard Pasteur, 42055 Saint-Étienne Cedex 2, France
³ Laboratoire de physiologie de l’exercice (LPE EA 4338), université de Lyon, 42055 Saint-Étienne, France
⁴ Pôle reé´ducation-réadaptation, CHU de Dijon, 21000 Dijon, France
⁵ INSERM, U1093 « cognition, action, et plasticité sensorimotrice », 21078 Dijon, France
⁶ Plateforme d’investigation technologique du centre d’investigation clinique plurithématique INSERM 803, CHU de Dijon, 21000 Dijon, France
⁷ Health Research Unit, High School of Health, University of Applied Sciences Western Switzerland, Lausanne, Switzerland
⁸ Explorations fonctionnelles physiologiques, CHU Toulouse Rangueil, 1 avenue Jean Poulhes, 31059 Toulouse Cedex 9, France

Reçu : 19 Octobre 2012
Accepté : 28 Octobre 2012

Résumé

Les muscles rotateurs de l’épaule semblent être un élément influençant la performance dans les sports de lancer. Les adaptations musculaires induites par la répétition de ce geste du lancer et la recherche de performances sont considérés comme facteur de risque de blessure de l’épaule par un « déséquilibre » musculaire. C’est pourquoi, l’exploration des adaptations éventuelles de la force musculaire des rotateurs médiaux (RM) et latéraux (RL), et de l’équilibre agoniste/antagoniste (ratio RL/RM) en réponse aux sollicitations sportives est donc pertinente dans ce contexte pour la compréhension des particularités physiologiques de l’épaule du lanceur, ainsi que dans une approche préventive. L’exploration de la force musculaire en mode isocinétique apparaît aujourd’hui comme la technique la plus pertinente pour y parvenir. Malgré des réserves méthodologiques liées aux faibles échantillons, aux protocoles utilisés et à la spécificité des populations étudiées, de nombreux travaux sur les sports d’armer-lancer rapportent une adaptation de la force musculaire des rotateurs de l’épaule, avec une augmentation de la force des RM du côté dominant, sans qu’il ne semble coexister de véritable « déséquilibre » musculaire agoniste/antagoniste avec diminution du ratio RL/RM. Ainsi, à l’échelle d’une population, cette pratique du sport d’armer-lancer ne semble pas induire un déséquilibre musculaire pouvant être incriminé comme facteur de risque prédisposant à la pathologie de l’épaule. Cependant, à l’échelle individuelle, la présence d’un déséquilibre musculaire doit être prise en considération; il serait donc pertinent de le dépister et d’adapter la préparation physique, bien que les preuves scientifiques soient encore modestes.

Abstract

The muscles of the rotator cuff appear to influence the throwing performance. Muscular adaptations induced by the repetition this throwing gesture and by the research of performance are considered as a risk factor for shoulder injury by a muscular “imbalance”. Therefore, the exploration of the possible adaptations in muscle strength of internal rotators (IR) and external (ER), and the agonist/antagonist balance (ratio ER/IR) in response to the sports practice, is relevant in this context in order to better understand the physiological aspects of the overhead shoulder, as well as in a preventive approach. Isokinetic muscle strength evaluation currently appears the most appropriate technique to achieve it. Despite methodological limits related to the small sample sizes, the protocols used and the specific populations studied, many studies on overhead sports reported an adaptation of the rotator cuff strength, with an increase of IR strength of the dominant side, but it does not seem to co-exist real agonist/antagonist muscle “imbalance” with decreased of the ratio ER/IR. Thus, at the population level, overhead sports do not seem to induce a muscle imbalance that can be implicated as a risk factor predisposing to the shoulder injuries. However, at the individual level, the presence of muscle imbalance must be taken into consideration and it would be appropriate to identify and adapt the physical preparation, although scientific evidence is still modest.